Le réchauffement climatique, qui est une vérité absolue, est à l’origine de la fonte des glaces. En 2000, selon le modèle de l’époque, les scientifiques avaient prévu la disparition complète de la calotte glacière en 2100. Depuis, bien des eaux ont coulé sous les ponts, et le résultat est passé à l’an 2070. Aujourd’hui, on estime qu’en 2040, la banquise sera complètement ouverte, autorisant un passage permanent annuel pour n’importe quel type de bateau, sans escorte de brise-glaces. Et en 2025, l’Arctique sera libéré des glaces pour toujours.
La dure réalité vient attraper la fiction : en 2007, pour la 1ère fois, les passages du Nord-Ouest et du Nord-Est se sont ouverts simultanément ! Cette ouverture était calculée pour 2050. Tout le monde a compris : la glace fond plus vite que prévu par le modèle. Mais la banquise ne fait pas que de rétrécir, elle s’amincit. L’épaisseur de la glace aurait diminué de moitié en seulement 10 ans.
Mais la fin des temps peut encore profiter à certains. Bien entendu, de telles activités apocalyptiques ne peuvent qu’attirer l’attention. Une étude de l’agence gouvernementale de géologues américains US Geological Survey estime qu’il se pourrait que la région, située au nord du cercle polaire, recèle, sous la glace, des ressources en pétrole et en gaz s’élevant à un cinquième des réserves d’hydrocarbures non encore découvertes, mais récupérables de la planète. Soit, 90 milliards de barils de pétrole et 47 260 milliards de mètres cubes de gaz, soit environ un tiers des réserves mondiales de gaz connues.
Ses réserves sont concentrées près des côtes, dans la juridiction territoriale des pays riverains de l’Arctique : États-Unis, Russie, Canada, Norvège, Danemark (via le territoire autonome du Groenland) qui les convoitent depuis des années. Ils se préparent déjà à revendiquer leur part des fonds marins.
La majeure partie du pétrole est au large de l’Alaska et le gaz près de la Russie. L’étude a couvert l’intégralité de la région située au nord de la 66e parallèle et en prenant compte la technologie actuelle. En définitive, l’Arctique contiendrait 13 % des réserves mondiales de pétrole et 30 % des réserves de gaz.
Selon Donald Gautier, chef du projet, l’Arctique constitue la plus grande zone pétrolifère non explorée de la Terre. Alaska
arctique (30 milliards de barils) ; bassin amérasien (9,7 milliards) ; bassins
de l’est du Groenland (8,9 milliards). Quant au gaz, 70 % des réserves non
découvertes se trouveraient dans le bassin de l’ouest de la Sibérie (18 430 milliards de m3) ; les bassins de l’est de la mer de Barents (9000 milliards) ; et l’Alaska arctique (6250 milliards).
L’enjeu est énorme : les 90 milliards de barils attendus dans L’Arctique satisferont la demande mondiale actuelle (86,4 milliards) pour trois ans. Elles excèdent le total cumulé de réserves connues du Nigéria, Kazakhstan et du Mexique.
Avantage : réduction de la dépendance américaine à l’égard du pétrole importé ; mais aussi gain de temps et d’argent énorme. L’ouverture du pôle Nord permet de diminuer le temps de déplacement des frets : 14 000 km en passant par l’Arctique pour 21 000 par voies actuels (canal de Suez, pipelines, frets…).
Le prix à payer semble ne pas trop intéresser les industriels.
Le coût pour l’environnement est sans précédent :
infrastructures industrielles importantes, extraction, transport…
Selon Franck O’Donnell, président du groupe Clean Air Watch :
les ours polaires et animaux sauvages sont menacés par le
réchauffement, mais vont également souffrir des activités de
prospections. La navigation menace l’écosystème de l’Arctique :
risque d’accidents (le pétrole se décompose lentement en eaux
froides) mais aussi les émissions des navires utilisant des
carburants fossiles entraineront une salissure de la calotte,
accélérant ainsi la fonte.
Cela dit, le raccourcissement du trajet va sérieusement diminuer l’émission des gaz à effet de serre. Ce qui pourrait être considéré comme un mal pour un bien ?
Quoi qu’il en soit, tout le monde est chaud. Les forages débuteront dans 10 ans.
En 2007, Exxon a remporté un appel d’offres de 500 millions de dollars pour un programme d’exploration de cinq ans dans le delta du Mackenzie et la mer de Beaufort. 2008, BP a fait une offre de 1,2 milliard de dollars pour obtenir des droits d’exploration dans la mer de Beaufort. Qui a dit que la crise boursière ralentissait tout le monde ?
La seule question à se poser réellement est de savoir si, en 2100, l’homme pourra toujours, le cœur léger, passer des vacances sur un paquebot transarctique, sirotant des cocktails sur le pont, en short et chemise et tong. Ou si l’humanité aura complètement disparu, noyée sous des litres d’eau car l’envie qu’a l’homme de sucer la planète est inassouvissable.
Ward Stradlater
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