inopportun ? Nous avons tous vécu pareille scène.
Tranquillement installés dans les commodités, la lecture à peine entamées et là...
Le Malin téléphone se fait entendre : vibrations, musique de jeux vidéo, tube du
moment. Quelle que soit la mélodie, la réaction est sans appel.
En premier lieu, un juron. Celui-ci se doit d'être adéquat avec la situation. En vrac, nous avons :
Et Merde, Bordel de merde, Fais chier, P'tain de sa race.
Le dernier parait dépareillé de l'ensemble, la portée scatologique ne sautant pas à la figure.
Pourtant, en étant un peu plus ouvert d'esprit, le lien devient évident. L'analyse d'un éminent confrère sur le phénomène scatologique révèle que la sexualité dénote de ce concept. Une putain a directement trait avec cela. Car son usage est purement sexuel, elle peut à la rigueur être décorative sur les trottoirs austères de Paris ou les vitrines tâchées d'Amsterdam. Elle fournit aussi un lait de qualité, utilisé principalement dans la fabrication des fromages à pâte molle (ce dernier usage est réfuté par l'industrie fromagère, mais mon enquête mettra à jour les mamelons martyrisés de ces pauvres laitières, affaire à suivre donc).
L'usage sexuel donc est usuellement appelé le « cul » n'est-ce pas ?
Ne dit-on pas faire du cul, je vais lui péter le cul ou fucking asshole ?
Or la merde sort du cul nous sommes d'accord ?
De fait en plus de l'analyse de ce grand professeur (dont j'ai oublié le nom entre deux verres de vodka) ce qui précède justifie amplement la présence de P'tain de sa race dans les jurons (voir plus haut).
Revenons au problème qui nous intéresse, après ces envolées lyriques l'affect dû à la sonnerie se décompose en deux réactions antagonistes.
D'une part, l'individu sent un puissant ressentiment lequel est directement transformé en énergie. Cette énergie décuple la poussée initiale de l'étron, lequel une fois éjecté emplit de contentement son propriétaire. Là, soit la tâche est arrivée à son terme, soit de par l'absorption massive de féculents la merde continue d'être produite. En ce cas, le maniaque sent une irrépressible envie de hurler (voir jurons précédents) et doit vite jauger la situation.
Est-il apte à se déplacer jusqu'au téléphone situé dans la pièce adjacente ou bien le risque est-il démesuré ?
La grande machine cérébrale évalue les chances de survie, les compare avec l'urgence de la manifestation téléphonique. Il attend un appel pour un travail, son père disparu depuis quinze ans a peut-être choisi ce moment pour le joindre, son propriétaire peut être pris d'une irrépressible envie de lui rappeler que le loyer en fait ça se paie tous les mois, son chien est peut être sorti du coma.
Pris dans cette spirale la décision se prend instinctivement, le sujet se met debout, bien campé sur ses appuis malgré le pantalon sur les chevilles, il n'a pas le temps de se torcher même qu'un peu, d'un pas alerte il franchit la distance le séparant de l'objet honni, le saisit...
Les réactions divergent comme avancé plus haut, de fait les individus peuvent aussi agir instinctivement, mais avec plus de self-contrôle.
Ainsi après la bordée de jurons, une étude poussée montre que certaines personnes ne cillent à peine. « Le téléphone c'est de la merde, ça sonne toujours quand il ne faut pas. De toute façon, c'est bien connu c'est les Américains ou les Russes qui utilisent des satellites pour contrôler le monde et l'asservir. Si ça se trouve, le président est aux mains de puissances extraterrestres et puis le répondeur il faut bien qu'il serve ». Ceux-ci conservent leur posture dite de la chaise et emplie de suffisance se disent fièrement: « j'ai gagné face au pouvoir du téléphone ! » ; malheureusement, ils oublient généralement leur pantalon et se cassent la gueule et chutent le nez dans leur bêtise. Ah ! Tristesse de la condition humaine.
DJ Sophia
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