Il y a des notions qui paraissent voisines, à premier abord, l'écologie et les vacances sont de celles-là.
L'écologie et les vacances sont deux notions voisines par leur objet souvent commun, la nature.
Cependant, dans leurs contradictions, elles restent deux notions antinomiques, pour quelles raisons ?
D'abord, il faut préciser ce qu'est l'écologie, ce que représentent les vacances, cette étrange période.
Puis voir quelles sont ces contradictions, que je semble évoquer l'air de rien.
Enfin, comprendre cette nouvelle préoccupation pour notre nature, sujet autrefois laissé à d'affreux chevelus écolos du Vercors que tout le monde moquait, et essayer d'appréhender les raisons qui poussent certains à protéger la planète et à d'autres (même si ça peut être les mêmes) à économiser toute l'année pour s'offrir deux semaines de répit au vert.
Bien avant que l'écologie à l'occasion d'élections, si je me rappelle bien une histoire de Nicolas, bref bien avant que l'écologie, je disais, ne devienne à la mode, quand elle était un enjeu autre qu'électoral, pour un petit groupe passionné, une petite partie de la population, les écolos... elle était un sujet que le commun des mortels, nous, tournait en dérision.
Et même si aujourd'hui, l'autre grande partie ne rit plus, lorsque cette petite partie leur parle de, par exemple, la pollution des océans, le réchauffement climatique, les choses n'ont guère changé. Tout au plus une vague préoccupation pour le développement durable (horrible expression) et un tri quasi national des ordures (moi je fais encore de la résistance). Néanmoins, il existe encore et toujours un large consensus : les vacances, sans doute l'endroit où écolos, citadins invétérés se retrouvent. On économise, dans la grisaille parisienne, on sert les fesses toute l'année et dès que le signal est donné, on court trouver la plage de ces rêves. Et même si ça ne correspond pas toujours à nos attentes, chaque année on continue. Quelquefois, tout ça ressemble à un vieux couple, qui ne se parle plus depuis longtemps et qui à l'occasion de la retraite par envie ou nécessité essayerait de renouer une discussion arrêtée quarante ans plus tôt, comme si de rien n'était. Mais souvent, cette envie de reprendre contact avec cette nature se termine par le siège au sens martial de celle-ci.
On produit, on produit, on produit, puis on prend sa voiture, ou l'avion, avec ses tout nouveaux masques, tuba, maillot de bain. Puis on se lance sur la voie de Pacha Mama (Terre Mère).
La pauvre, ces millions de personnes ayant dès les premiers jours de vacances brulé des centaines de litres de carburant, qui obscurcit un peu plus notre ciel.
Il ne faut pas oublier l'industrie touristique, je dis industrie, parce que c'est quand même une grosse machine à faire du fric...
... Avec nos rêves.
À peine nous a-t-elle dégoté un petit coin de nature, une plage de sable fin, une vallée encore sauvage, elle construit, terrasse, goudronne, un peu comme un agriculteur avec une terre récemment acquise.
C'est un cercle vicieux, il semblerait que plus l'homme vit loin de la nature, enfermé dans son environnement urbain, les villes, plus il essaie de la retrouver et peut-être la part en lui étouffée.
Et c'est un engrenage fatal au lieu de renouer avec l'esprit des premiers hommes, lorsqu'il a trouvé un environnement « naturel » selon lui, il le transforme pour ne pas être trop perdu, peut-être pour ne pas à avoir à faire cet effort de remise en question nécessaire pour retrouver le peu de sauvage qui est en lui.
On la désire, cette nature, mais sans franchir le pas. Déjà dans sa grotte, à juste titre, notre ancêtre, percevait les alentours comme un monde plein de dangers, alors il cherchait à se retrouver dans un environnement sécurisant, aménagé par ses mains.
C'est peut-être là le problème ? C'est peut-être ça la clef du problème ? C'est peut-être ça qui explique cet engouement pour les séjours écoéquitables, je sais pas trop comment ça s'appelle. Faire un trek dans les steppes sibériennes, dormir dans une iourte, marcher plusieurs jours dans le Masaïmara à la recherche de tribus Dogons. Tout ça parfois me semble pathétique et puis tellement hors de prix à un point tel que pour avoir ce qu'avait tout homme avant la civilisation, la possibilité de se dégourdir les jambes dans la direction qu'il veut, il faut faire partie de ces 2 % de la population gagnant plus de 2000 euros nets par mois.
Besoins d'harmonie entre environnements, humain et nature. De Lascaux à internet, il semble que l'homme soit resté dans le même schéma, se protéger, chasser pour avoir le plus possible à bouffer en cas de coup dur et faire la guerre à ceux qui menacent son pré carré.
Nous voyons bien à quel point, l'écologie et les vacances sont deux notions qui en se rejoignant sur l'idée que ça aurait un rapport avec un environnement naturel, s'opposent.
L'écologie n'est pas pour demain, il faudrait d'abord que l'humanité ne se construise pas à côté du naturel, mais avec lui. Cela lui permettrait peut-être de comprendre à nouveau ce qu'elle est. Cela permettrait peut-être à l'homme de mettre fin à ce divorce avec une partie de lui-même.
Déplacements polluants, tourisme souvent fatal à l'écosystème.
Plus on détruit et on se coupe de notre terre mère, plus on semble la rechercher, mais d'une façon si maladroite qu'on dirait un jeune puceau lors de sa première saillie, décidément on trouve pas le trou !
Nous désirons la nature, mais sans franchir le pas. Peut-être par confort, habitude, mais peut-être aussi parce que ça nous obligerait à nous remettre vraiment en question, ça nous obligerait à quitter cette arrogance d'homme occidental civilisé et nous obligerait à accepter que nous ne soyons pas si évolués que ça et que depuis longtemps nous ayons fait fausse route. Ce n'est pas en triant ses ordures ou en faisant des marches dans le Machu Pichu, qu'on y arrivera !
La « civilisation » a du bon, ceci n'est pas à rejeter. Mais en se construisant en opposition avec la nature, l'homme se construit en opposition avec lui-même, il tue sa part de « naturel ».
Cette construction contre nature, source de disharmonie, risque de nous couter cher.
À défaut de quitter nos certitudes et notre fatuité et de remettre tout à plat, le Monde continuera à être à notre image, une nature qui se meurt.
Épilogue : L'homme social, élaboré autour du feu n'est pas l'homme naturel, et pour retrouver l'un, le naturel il faut quitter l'autre, le social et sortir de sa grotte.
Allons chasser le mammouth !
bill G (qui fait son coming out)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire