lundi 8 février 2010

Les néo-pamphlétaires

Un journal dont la survie dépend d'une société à but lucratif ne peut pas être indépendant. Un journal dont la survie financière dépend de la publicité, du bon vouloir d'annonceurs, n'est pas libre.
Un rédacteur en chef qui doit son poste d'un PDG de multinational propriétaire du groupe de presse dont il fait partie, est le vassal de son suzerain, son commanditaire qui souhaite au mieux se faire de l'argent, de s'auréoler de l'image de mécène de la liberté d'expression, au pire faire triompher l'idéologie de ses intérêts de caste et ou de classe. Les journalistes nommés par une rédaction doivent le maintien de leur poste et leur avancement à leur capacité à se conformer à cet ordre dit démocratique qui fixe les limites autorisées où il peut expérimenter une liberté d'expression toute relative au regard de sa dépendance et de son allégeance à un ordre économique, politique. 95 % de la presse est possédée par quelques grands groupes internationaux, marchands d'armes, BTP, qui ont pour intérêt autre chose que la vérité, la justice, la liberté, on peut même dire qu'ils sont les ennemis de la vocation première du journaliste. Journalistes, une caste privilégiée et dominante, plus proche dans sa conception et dans ses intérêts, du pouvoir que du peuple, s'estimant le droit monopolistique de s'exprimer avec légitimité et sérieux.
La France est un pays éminemment politique. Depuis la révolution et l'éruption sur la scène politique et du pouvoir de l'ensemble de la nation, l'identité et les droits ne se rattachent plus à un ordre divin ou une histoire territoriale, mais à un idéal universel et des droits humains qui sont perçus comme le prolongement légitime et logique des droits des Français gagnés, imposés par la révolution, par la rue, imposé par les masses, comme dans toute l'histoire de notre pays par la suite, foule qui est aux yeux des tyrans de tout temps, sauvage et analphabète, donc inférieure. Autrement dit, notre identité est politique et abolit les castes, les classes, les frontières pour en faire l'expression des droits universels de l'homme.
Dans ce contexte historique de la révolution nait le droit du citoyen, donc à intervenir dans l'agora politique, à se mêler de ce qui le regarde de droit, au même titre que le mouvement de masse qui inscrit le droit de l'homme à exercer un pouvoir politique par lui-même et pour lui-même, chaque citoyen est de facto journaliste. Sans rentrer dans les détails de l'histoire, nul n'a le droit de se substituer au peuple, nul n'a le droit de monopoliser l'expression politique, même si c'est en son nom.
Le discours dominant des journalistes qui s'estiment être les mieux placés pour critiquer le pouvoir et éclater la réalité est un mythe, une jolie histoire pour les dupes et ceux qui cherchent un prétexte pour s'élever dans la hiérarchie sociale, symbolique. Ceci montre une réalité qu'il faut cacher pour continuer à dominer, cette réalité c'est qu'il y a eu ces cinquante dernières années une contrerévolution qui revenait sur 200 ans de révolution à commencer par la grande qui fit naitre la figure du citoyen-soldat et que la presse au pouvoir est la main armée de cette réaction, son auxiliaire.
La condescendance avec laquelle les journalistes jugent l'expression populaire, de ses préoccupations, de ses volontés et de ses vérités est plus que de la supériorité, c'est le reflet d'une ignorance volontaire de ce qui ne représente pas les intérêts de cette nouvelle aristocratie qui a construit son pouvoir dans sa capacité à imposer ses vérités et son ordre des choses.
La presse institutionnalisée (l'essentielle) trouve ses membres dans la bourgeoisie et les enfants de Louis le grand, croise les enfants d'Henri IV à la tête de la presse de l'économie, et de l'état qui est soumis et fusionné aux intérêts du capitalisme mondialisé.
Nul n'oserait dire que ces fils d'artisans, de roturiers, de petits bourgeois s'improvisant avocat du peuple en 89 n'étaient pas journalistes, nul ne peut se permettre de remettre en cause ses pères fondateurs qui pourtant ne sortent pas de science po, car ils fondent dans notre histoire la figure légitime d'un père pénard ou d'un Zola, mais au même titre que la démocratie monopolisée par quelques-uns au nom de tous, le déni de ce rôle que tout citoyen a le droit de s'arroger aujourd'hui n'est que le verni d'un holdup historique et illégal commis par la nouvelle noblesse et son aristocratie intellectuelle abâtardie.
Cette volonté, presque frénétique, de discréditer tout ce qui viendrait d'internet, sans nuance, n'est que la preuve de cet antagonisme, la classe au pouvoir toute spécialité confondue, endormeuse, exploiteuse et menteuse, ne veut pas d'un peuple politique, ne veut pas d'un peuple qui imprime sa pensée, sa volonté et qui ainsi en fait un écho démultiplié de son pouvoir et ne fixe aucune borne à sa liberté. Le sérieux du journaliste, sa soi-disant éthique, sa soi-disant capacité à classer ce qui est important de ce qui ne l'est pas, ne reflète que l'hégémonie et la supériorité du seigneur face à l'ignoble, à l'illégitime. Mais les temps changent et rien n'est totalement nouveau, les gesticulations de pantins médiocres qui font d'un fait divers et de la peur un miroir aux alouettes et nos priorités ne pourront désormais faire taire une vérité immuable en France depuis que le pamphlet existe, aujourd'hui comme à l'origine le quatrième pouvoir c'est le peuple, internet donc et non le Monde en est sont expression légitime.


Jean Foutre
La presse est une bouche forcée d'être toujours ouverte et de parler toujours. De là vient qu'elle dit mille fois plus qu'elle n'a à dire, et qu'elle divague souvent. Alfred de Vigny

jeudi 4 février 2010

On ne badine pas avec la fac

Censier ferme ses portes et personne ne réagit. Et pourtant, souvenons-nous, la larme à l'œil, du fameux discours d'accueil en première année, nous expliquant la raison d'être de cette université, de cette « nouvelle Sorbonne » qui n'est plus qu'un nom commun, parmi d'autres. Alors, sous couvert de raisons plus ou moins convaincantes, nous nous apprêtons à regarder s'éteindre cette université si particulière, à l'allure de CES de quartier, et ses théories avec. Quand Censier ne sera plus qu'un escalier de la vieille Sorbonne, le département démuni de cet empire du savoir parisien à travers les siècles, nous ne serons plus que les enfants d'un roi déchu, les restes d'une ambition scientifique et historique réduite à l'ambition mercantile de quelques-uns. Qu'adviendra-t-il alors de cet espace qui fut le lieu de découverte, d'expression et parfois de luttes ? Peut-être un supermarché géant, un mini centre commercial ou le siège social de tel ou tel trust : « antisocial tu perds ton sang-froid », non pas celui-là !
Nous emprunterons donc ces quelques mots à Perdican, de cette tirade si fameuse en la rendant peut-être plus fumeuse, au risque de passer pour un fumiste :
Adieu Censier ! Retourne à ton couvent, et lorsqu'on te fera de ces récits hideux qui t'ont empoisonnés, réponds ce que je vais te dire : tous les étudiants sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; tous les professeurs sont perfides, artificieux, vaniteux, curieux et dépravés ; la rue de Santeuil n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes d'amiante ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en pensée, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on pense, et quand on est place de la Sorbonne, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : « J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai pensé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennemi. »

dimanche 31 janvier 2010

La mémoire



La mémoire est une amie ou une ennemie
Elle est le sel, elle est le poivre
Elle fait de nous des hommes
Qui sentent le temps, fait du passé un compagnon de route, lourd ou léger, ne faisant se ressembler aucun des pas que nous faisons
Le présent un chaos organisé, l’avenir un horizon sans cesse renouvelé
Mémosyne, est notre glaise que l’on pétrit, c’est une matière fluide et fuyante, mais si nous la méritons, nous pétrissons des pots et inventons la civilisation
Comme souvent cette présence, ce ghost est un témoin gênant, alors nous le frappons, on s’en détourne, mais elle n’est pas matière et le souvenir ne se tue pas plus qu’une idée
Car elle ne saigne pas…
Il faut s’en faire une amie et le témoin de nos actes, car elle peut être notre conscience
Moi souvent elle me fait défaut, je la falsifie, perd des souvenirs et ressent l’amputation
Au quotidien elle s’applique à tout mais je ne la maitrise pas
Mémoire mon amie, pour quoi me parles-tu de la mort, pourquoi tu me fais oublier les douceurs de mon enfance. Mauvais compagnon, tu plaques dans mes entrailles, des rappels douloureux. Fais de moi un bateau, un instant au sommet, l’instant d’après dans le creux
Cependant je ne t’en veux
Aucunement, je te renie
Tu m’es précieuse, fais de mon existence un océan
Éclaircis après l’orage, calme avant la tempête, déroule toute ta majesté, me faisant embrasser d’un regard l’ensemble des cieux, assis sur des profondeurs immenses et inquiétantes
Mémoire tu es le temps, tu es la vie

3 mai 2007
12h42

Moi et l’infini

Je me sens écrasé par le poids des choses. Je me sens balloté par les courants, mon corps se terrifie et se pétrifie, morose, devant cet abime cette tempête qui dissimule sous d’épais brouillards le jour à venir indéfini. Je ne sais si je suis sur une jetée, plongé et aspiré devant tant de puissance. Suis-je en train de fuir devant ce bigbang de l’élément aqueux et imposant cette image, évidence créatrice qu’on appelle Dieu ?
Je fuis et mon esprit est resté là, enraciné dans ce passé tourmenté.
De cette jetée, tout en fuyant, je m’observe balloté par une montagne de vents, dans cet océan, déjà à travers les brouillards filtre ou file mon dénouement.
Mais soudain, lâchant cette eau qui m’engloutit je sans mon corps s’élever vers la vie, je lâche cette pesanteur, ce poids accrocher à mon cœur, je file léger comme l’encens, mille vallées et mille vallons, de terre en océans, j’ambrasse ce monde finissant et déjà caressé par un soleil empourprant, d’un seul regard mon œil s’éveille aux jours naissants

10/06/2005 21 h 12

vendredi 29 janvier 2010

Quelques questions, sans réponses, ça fait pas de mal !

Toutes les lois votées par un gouvernement élu sont-elles légitimes ?
« Les chiens de garde » ou la vigilance du système à travers ses membres au sein de mouvements antisystème. Comment l'état exerce son autorité et sa violence en nous transformant d'une façon consciente ou inconsciente en gardien de l'ordre établi et caution de la violence du pouvoir à travers un comportement autoritarisme ?

La notion de libre arbitre au départ surtout développé pour disculper Dieu des choses qu'il ne fait pas, est aujourd'hui à moins de revenir sur sa véracité, surtout un plaidoyer pour rappeler à l'homme que même s'il ne vit pas en toute liberté il est au moins responsable de ce qui fait et surtout de ce qui ne fait pas, ceci, n'est-il pas une vérité ? À vous de juger...

Le début du 21e siècle représente pour l'homme un passage non pas seulement d'un chiffre à un autre, mais une épreuve déterminante ou l'humanité tout entière devra venir à bout de problèmes récurrents tout en affrontant d'autres jamais advenu et consécutif de ces premiers.
En effet si notre société, l'occident ne se remet pas en question, ce n'est pas le prolétariat qui continuera à être exploité dans une situation de quasi-servitude, mais l'humanité qui à brève échéance disparaitra en emportant avec elle dans sa fin cauchemardesque une partie des êtres vivants de notre nature.
Vous allez me dire en quoi suis-je concerné, et qu'est-ce que je peux y faire moi ?
Ces doutes, ces questionnements ou les impératifs de devoir penser à notre vie avec les contingences actuelles ne vaudront plus grand-chose dans un monde qui sombrera dans le chaos. Lorsque les trois quarts de l'humanité qu'on nommait il y a encore peu le tiers monde, lorsqu’y comprit nos enfants nous demanderont des comptes sur ce contrat, ce pacte que nous avons signé avec le diable en détournant les yeux et en ne faisant rien, nous ne pourrons dire nous ne savions pas.
À ce moment-là, notre choix de privilégier nos intérêts individuels et le court terme au détriment de tous n'aura plus de sens, ces 10-20 ans que nous gagnons pour une vie tout compte fait insatisfaisante et médiocre seront peu de chose lorsqu'il faudra payer la facture. Nous avons bonne conscience, alors préparons-nous à hypothéquer le reste de notre existence avec celle de nos enfants (si nous en avons un jour).
Pendant longtemps nous avions cru que nous avions le temps qu'on pourrait s'en occuper demain et bien voilà, nous sommes demain et si nous n'agissons pas à la hauteur de la situation, si l'homme survit ; nous passerons aux yeux de ceux qui nous succèderont comme les plus grands égoïstes, les responsables du pire crime que l'homme a pu commettre dans son histoire, une antithèse, un exemple de ce qui ne faut pas faire, et être comme nos chers petits nazillons du 20e.
Mais soyons bon joueur, et voyons les choses d'une façon pragmatique, cette espèce d'idée qu'il y aurait une contingence économique de l'ordre de la réalité comparable à la matière, fait décréter aujourd'hui à certains, qu'il faut vivre avec son temps qu'il ne peut en être qu'ainsi, alors je dis nous disons ainsi soit-il, que votre pensée archaïsante soit votre tombe.
Mais revenons à une échelle un peu plus locale, les forces, les parties, qui hier se targuaient d'être les défenseurs des opprimés sont aujourd'hui les cogestionnaires de cette catastrophe.
Capitalisme et destruction de l'homme et de son environnement sont intiment liés dans leur logique, et les fous aux commandes trouvent aujourd'hui d'autres fous tout aussi lâches dans nos rangs qui ne demandent qu'une caution pour masquer leur faiblesse et leur volonté de ne pas s'attacher à la cause de tout ceci avec les armes adéquates.
Il est plus facile d'arborer un t-shirt de Che, prendre des poses de cador révolutionnaire, se faire les émissaires de l'ordre de cet ordre avec bonne conscience dans les foyers de résistance et de se découvrir une âme de pacifiste au moment où l'affrontement avec les manifestations physiques de cet ordre fait rage.
En tant que lâche, en tant que bourgeois, en tant que réactionnaire je vis mieux, dans mon statut d'étudiant avec toute les contradictions que cela comporte si je suis un jcr syndiqué à l'UNEF qui construit un mouvement pour des lendemains qui chantent qui ne viendront jamais si ce n'est avec la délivrance en quittant ce bas monde dans lequel on ne peut décidément rien faire, révolutionnaire laisse-moi rire.
Et j'en veux pour preuve cette façon qu’ils ont d'inventer des mots pour cacher leur traitrise, on jette l'anathème sur le gauchiste, le toto ou tout simplement ceux qui ont encore la folie de croire en leurs idéaux, ceux-là ils croient au grand soir, mais ce rejet du grand soir n'est-il pas plutôt un aveu que toute action et bonne à entreprendre sauf celle qui nous y amène ?
N'est-ce pas pour cacher un sophisme une malhonnête, un réflexe de classe qui trahit leur volonté à ce que rien ne change ?
Il m'est plus facile de prendre des postures de résistant, éternel rebelle, sans avoir à lier ses pensées à ses actes, car demain ils trouveront leur place bien dans un système à en juger leurs actes qu'ils ne trouvent pas si mal et qui leur aura gardé une place bien au chaud.
Alors camarade, celui qui souffre et ne voit aucun espoir et intérêt à jouer le jeu de la lutte des classes version dialogue sociale et qui sait n'avoir rien à perdre dans ce système qui quoi qu'il arrive ne te donnera pas les conditions de ton bonheur. Prend courage même si la situation est pour l'instant à notre désavantage le cours des évènements nous donnera bientôt raison.
Quand les pétrodollars ne vaudront plus rien et que le dernier round aura sonné, quand le tiers-monde frappera à la porte de l'occident réclamant son du, comme le tiers état à la noblesse, l'heure sera venu pour toi de chasser et pourchasser ces traitres qui depuis plus d'un siècle te poignardent dans le dos à chaque tentative de libération et lorsque les sociaux traitres seront tous pendus haut et court alors nous marcherons main dans la main contre le grand capital et ce jour-là nous ne serons plus seuls.

Moins de biens plus de liens, prolétaires unissez vous pour mettre fin à l'esclavage social, la violence d'État, et le pillage planétaire !

mercredi 20 janvier 2010

Qu’est-ce que l’anarchisme ?

Lu sur Kaosphorus : « Qu’est-ce que l’anarchisme ? »


Le Prophète Mahomet a dit que tous ceux qui vous saluent par « Salam ! » (paix) doivent être considérés comme musulmans. De la même manière, tous ceux qui s’appellent eux-mêmes « anarchistes » doivent être considérés comme des anarchistes (à moins qu’ils ne soient des espions de la police) – c’est-à-dire, qu’ils désirent l’abolition du gouvernement. Pour les soufis, la question « Qu'est-ce que un musulman ? » n’a absolument aucun intérêt. Ils demandent, au contraire, « Qui est ce musulman ? Un dogmatique ignorant ? Un coupeur de cheveux en quatre ? Un hypocrite ? Ou bien est-ce celui qui tend à expérimenter la connaissance, l’amour et la volonté comme un tout harmonieux ? »

« Qu'est-ce que un anarchiste ? » n’est pas la bonne question. La bonne question c’est : « Qui est cet anarchiste ? Un dogmatique ignorant ? Un coupeur de cheveux en quatre ? Un hypocrite ? Celui-là qui proclame avoir abattu toutes les idoles, mais qui en vérité n’a fait qu’ériger un nouveau temple pour des fantômes et des abstractions ? Est-ce celui qui essaye de vivre dans l’esprit de l’anarchie, de ne pas être dirigé/de ne pas diriger – ou bien est-ce celui qui ne fait qu’utiliser la rébellion théorique comme excuse à son inconscience, à son ressentiment et à sa misère ? »

Les querelles théologiques mesquines des sectes anarchistes sont devenues excessivement ennuyeuses. Au lieu de demander des définitions (des idéologies), posez la question : « Qu’est-ce que tu sais ? », « quels sont tes véritables désirs ? », « que vas-tu faire à présent ? » et, comme Diaghilev le dit au jeune Cocteau : « Étonne-moi ! »

Qu’est-ce que le gouvernement ?

Le gouvernement peut être décrit comme une relation structurée entre les êtres humains par laquelle le pouvoir est réparti inégalement, de telle manière que la vie créatrice de quelques-uns est réduite pour l’accroissement de celle des autres. Ainsi, le gouvernement agit dans toutes les relations dans lesquelles les intervenants ne sont pas considérés comme des partenaires à part entière agissant dans une dynamique de réciprocité. On peut ainsi voir à l’œuvre le gouvernement dans des cellules sociales aussi petites que la famille ou « informelles » comme les réunions de voisinage – là où le gouvernement ne pourra jamais toucher des organisations bien plus grandes comme les foules en émeute ou les rassemblements de passionnés par leur hobby, les réunions de quaker ou de soviets libres, les banqueteurs ou les œuvres de charité.

Les relations humaines qui s’engagent sur un tel partenariat peuvent, au travers d’un processus d’institutionnalisation, sombrer dans le gouvernement – une histoire d’amour peut évoluer en mariage, cette petite tyrannie de l’avarice de l’amour ; ou bien encore une communauté spontanée, fondée librement afin de rendre possible une certaine manière de vivre désirée par tous ses membres, peut se retrouver dans une situation où elle doit gouverner et exercer une coercition à l’encontre de ses propres enfants, au travers de règles morales mesquines et des reliquats d’idéaux autrefois glorieux.

Ainsi, la tâche de l’anarchie n’est jamais destinée à perdurer qu’à court terme. Partout et toujours, les relations humaines seront concrétisées par des institutions et dégénèreront en gouvernements. Peut-être que l’on pourrait soutenir que tout cela est « naturel »… Mais quoi ? Son opposé est tout aussi « naturel ». Et s’il ne l’était pas, alors on pourrait toujours choisir le « non-naturel », l’impossible.

Cependant, nous savons que les relations libres (non gouvernées) sont parfaitement possibles, car nous en faisons l’expérience assez souvent – et plus encore lorsque nous luttons pour les créer. L’anarchiste choisit la tâche (l’art, la jouissance) de maximiser les conditions sociales afin de provoquer l’émergence de telles relations. Puisque c’est ce que nous désirons, c’est ce que nous faisons.

Et les criminels ?

Les considérations ci-dessus peuvent être comprises comme impliquant une forme d’« éthique », une définition mutable de la justice dans un contexte existentiel et situationniste. Les anarchistes ne devraient probablement considérer comme « criminels » que ceux qui contrarient délibérément la réalisation des relations libres. Dans une société hypothétique sans prisons, seuls ceux que l’on ne peut dissuader de telles actions pourront être livrés à la « justice populaire » ou même à la vengeance.

Aujourd’hui, cependant, nous ferions bien de réaliser que notre propre détermination à créer de telles relations, même de manière imparfaite et utopique, nous placera inévitablement dans une position de « criminalité » vis-à-vis de l’État, du système légal et probablement de la « loi non écrite » du préjugé populaire. Depuis longtemps être un martyr révolutionnaire est passé de mode – le but présent est de créer autant de liberté que possible sans se faire attraper.

Comment fonctionne une société anarchiste ?

Une société anarchiste œuvre, partout où deux ou plusieurs personnes luttent ensemble, dans une organisation de partenariat original, afin de satisfaire des désirs communs (ou complémentaires). Aucun gouvernement n’est nécessaire pour structurer un groupe de potes, un diner, un marché noir, un tong (ou une société secrète d’aide mutuelle), un réseau de mail ou un forum, une relation amoureuse, un mouvement social spontané (comme l’écosabotage ou l’activisme anti-SIDA), un groupe artistique, une commune, une assemblée païenne, un club, une plage nudiste, une Zone Autonome Temporaire. La clé, comme l’aurait dit Fourier, c’est la Passion – ou, pour utiliser un mot plus moderne, le désir.

Comment pouvons-nous y parvenir ? En d’autres termes, comment maximiser la potentialité que de telles relations spontanées puissent émerger du corps putrescent d’une société asphyxiée par la gouvernance ? Comment pouvons-nous desserrer les rênes de la passion afin de recréer le monde chaque jour dans une liberté originelle du « libre esprit » et d’un partage des désirs ? Une question à deux balles – et qui ne vaut réellement pas beaucoup plus puisque la seule réponse possible ne relève que de la science-fiction.

Très bien. Mon sens de la stratégie tend vers un rejet des vestiges des tactiques de l’ancienne « Nouvelle Gauche » comme la démo, la performance médiatique, la protestation, la pétition, la résistance non violente ou le terrorisme aventurier. Ce complexe stratégique a été depuis longtemps récupéré et marchandisé par le Spectacle (si vous me permettez un excès de jargon situationniste).

Deux autres domaines stratégiques, assez différents, semblent bien plus intéressants et prometteurs. Le premier est le processus résumé par John Zerzan [1] dans Elements of Refusal – c’est-à-dire, le refus de mécanismes de contrôle étendus et largement apolitiques inhérents aux institutions comme le travail, l’éducation, la consommation, la politique électorale, les « valeurs familiales », etc. Les anarchistes pourraient tourner leur attention vers des manières d’intensifier et de diriger ces « éléments ». Une telle action pourrait bien tomber dans la catégorie traditionnelle de l’« agit-prop », mais éviterait la tendance « gauchiste » à institutionnaliser ou « fétichiser » les programmes d’une élite ou avant-garde révolutionnaire autoproclamée.

L’action dans le domaine des « éléments du refus » est négative, « nihiliste » même, tandis que le second secteur se concentre sur les émergences positives d’organisations spontanées capables de fournir une réelle alternative aux institutions du Contrôle. Ainsi, les actions insurrectionnelles du « refus » sont complétées et accrues par une prolifération et une concaténation des relations du « partenariat original ». En un sens, c’est là une version mise à jour de la vieille stratégie « Wobbly » [2] d’agitation en vue d’une grève générale tout en bâtissant simultanément une nouvelle société sur les décombres de l’ancienne au travers de l’organisation des syndicats. La différence, selon moi, c’est que la lutte doit être élargie au-delà du « problème du travail » afin d’inclure tout le panorama de la « vie de tous les jours » (dans le sens de Debord).

J’ai essayé de faire des propositions bien plus spécifiques dans mon essai Zone Autonome Temporaire (Autonomedia, NY, 1991) ; donc, je me restreindrai ici à mentionner mon idée que le but d’une telle action ne peut être désigné proprement sous le vocable de « révolution » — tout comme la grève générale, par exemple, n’était pas une tactique « révolutionnaire », mais plutôt une « violence sociale » (ainsi que Sorel l’a expliqué). La révolution s’est trahie elle-même en devenant une marchandise supplémentaire, un cataclysme sanglant, un tour de plus dans la machinerie du Contrôle – ce n’est pas ce que nous désirons, nous préférons laisser une chance à l’anarchie de briller.

L’anarchie est-elle la Fin de l’Histoire ?

Si le devenir de l’anarchie n’est jamais « accompli » alors la réponse est non – sauf dans le cas spécial de l’Histoire définie comme autovalorisation privilégiée des institutions et gouvernements. Mais, l’histoire dans ce sens est déjà probablement morte, a déjà « disparu » dans le Spectacle, ou dans l’obscénité de la Simulation. Tout comme l’anarchie implique une forme de « paléolithisme psychique », elle tend traditionnellement vers un état posthistorique qui reflèterait celui de la préhistoire. Si les théoriciens français ont raison, nous sommes déjà entrés dans un tel état. L’histoire comme l’histoire (dans le sens de récit) continuera, car il se pourrait que les humains puissent être définis comme des animaux racontant des histoires. Mais l’Histoire, en tant que récit officiel du Contrôle, a perdu son monopole sur le discours. Cela devrait, sans aucun doute, travailler à notre avantage.

Comment l’anarchie perçoit-elle la technologie ?

Si l’anarchie est une forme de « paléolithisme », cela ne signifie nullement que nous devrions retourner à l'âge de la pierre. Nous sommes intéressés par un retour au Paléolithique et non en lui. Sur ce point, je crois que je suis en désaccord avec Zerzan et le Fifth Estate [3] ainsi qu’avec les futurs libertariens de CaliforniaLand. Ou plutôt, je suis d’accord avec eux tous, je suis à la fois un luddite et un cyberpunk, donc inacceptable pour les deux partis.

Ma croyance (et non ma connaissance) est qu’une société qui aurait commencé à approcher une anarchie générale traiterait la technologie sur la base de la passion, c’est-à-dire, du désir et du plaisir. La technologie de l’aliénation échouerait à survivre à de telles conditions, alors que la technologie de l’amélioration survivrait probablement. La sauvagerie, cependant, jouerait aussi nécessairement un rôle majeur dans un tel monde, car la sauvagerie est le plaisir. Une société basée sur le plaisir ne permettra jamais à la techné [4] d’interférer avec les plaisirs de la nature.

S’il est vrai que toute techné est une forme de médiation, il en va de même de toute culture. Nous ne rejetons pas la médiation per se (après tout, tous nos sens sont une médiation entre le « monde » et le « cerveau »), mais plutôt la tragique distorsion de la médiation en aliénation. Si le langage lui-même est une forme de médiation alors nous pouvons « purifier le langage de la tribu » ; ce n’est pas la poésie que nous haïssons, mais le langage en tant que contrôle.

Pourquoi l’anarchie n’a-t-elle pas marché auparavant ?

Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? Elle a marché des milliers, des millions de fois. Elle a fonctionné durant 90 % de l’existence humaine, le vieil Âge de la pierre. Elle marche dans les tribus de chasseurs/cueilleurs encore aujourd’hui. Elle marche dans toutes les « relations libres » dont nous avons parlé auparavant. Elle marche chaque fois que vous invitez quelques amis pour un piquenique. Elle a « marché » même dans les « soulèvements ratés » des soviets de Munich ou de Shanghai, de Baja California en 1911, de Fiume en 1919, de Kronstadt en 1912, de Paris en 1968. Elle a marché pour la Commune, les enclaves de Maroons, les utopies pirates. Elle a marché dans les premiers temps du Rhodes Islande et de la Pennsylvanie, à Paris en 1870, en Ukraine, en Catalogne et en Aragon.

Le soi-disant futur de l’anarchie est un jugement porté précisément par cette sorte d’Histoire que nous croyons défunte. Il est vrai que peu de ces expériences (sauf pour la préhistoire et les tribus primitives) ont duré longtemps – mais cela ne veut rien dire quant à la valeur de la nature de l’expérience, des individus et des groupes qui vécurent de telles périodes de liberté. Vous pouvez peut-être vous souvenir d’un bref, mais intense amour, un de ces moments qui aujourd’hui encore donne une certaine signification à toute votre vie, avant et après – un « pic d’expérience ». L’Histoire est aveugle à cette portion du spectre, du monde de la « vie de tous les jours » qui peut aussi devenir à l’occasion la scène de l’« irruption du Merveilleux ». Chaque fois que cela arrive, c’est un triomphe de l’anarchie. Imaginez alors (et c’est la sorte d’histoire que je préfère) l’aventure d’une importante Zone Autonome Temporaire durant six semaines ou même deux ans, le sens commun de l’illumination, la camaraderie, l’euphorie – le sens individuel de puissance, de destinée, de créativité. Aucun de ceux qui n’ont jamais expérimenté quelque chose de ce genre ne peut admettre, un seul moment, que le danger du risque et de l’échec pourrait contrebalancer la pure gloire de ces brefs moments d’élévation.

Dépassons le mythe de l’échec et nous sentirons, comme la douce brise qui annonce la pluie dans le désert, la certitude intime du succès. Connaitre, désirer, agir – en un sens nous ne pouvons désirer ce que nous ne connaissons déjà. Mais nous avons connu le succès de l’anarchie pendant un long moment maintenant – par fragments, peut-être, par flashes, mais réel, aussi réel que la mousson, aussi réel que la passion. Si ce n’était pas le cas, comment pourrions-nous la désirer et agir peu ou prou à sa victoire ?

Hakim Bey

Titre original : « The Willimantic/Rensselaer Questions » tiré de : Anarchy and the End of History, pp. 87-92
Traduction française par Spartakus FreeMann, avril 2009 e.v.

mercredi 13 janvier 2010

Poésie

Anonyme, anonymat, seul dans les artères remplies d’hommes je me débats.
Sombre dans le regard, étranger dans leur chair et pourtant divin.
Entités que je questionne du regard, en miroir inquiété ils me répondent en vain.
Rue immémoriale, d’un Paris devenu poubelle, dans des artères bouchées,
obstruées dans lesquelles, je m’englue, immonde vermine, vitrine et lumière, parcmètre de la liberté.
Seul dans ces plaies pourpres de sang et sans une âme habitée.
Barricade d’humanité, miroir de vanité, apogée d’abus.
Frère enchaîné que je préssent, dans lesquels je me suis vu.
Je les sers et les insères plonge mes lèvres dans leur regard et bois leur sang.
Bousculent ce qui m’en sépare, bien que fuyant j’encombre ma rue.
Anonyme au milieu des miens, je tente un dernier effort.
Ennemi au milieu de frère, je jette mes dés à la face du sort.
Liberté égalité, fraternité, pour chaque mensonge je prends mon dû.
Anarchie, communisme, socialisme, dans n’importe quel cadavre je cherche la justice.
D’un monde qui me navre et me pousse au firmament.
Dans ces tuyaux de rue, dépourvus d’échos dans leur regard je glisse et me mens.
Malgré tout je me hisse et du ciel je contemple mon monde.
Frère, à qui je chante, sache que je désespère de ton vice immonde.
Société qui m’abandonne, fleur de lys fanée, sache que je ne suis aphone.
Entends-tu cette cloche au lointain, désespoir homme moche à qui je ne
Pardonne.
Souvenir du latin, je ne me résouds à ta donne, Babylone.
Ton effort est vain ma bombe au sémaphore, je cache dans un coin.
Dans le noir elle mâche, à la lumière bientôt elle résonne.
Dans un rouge, dans ton sein, elle éclatera, c’est ton or.
Et sonne de nouveaux lendemains, bien que nous pourrions tous être morts. Si ce n’est au moins avec panache, avec éclat, dans mes mains cette bombe dort.

mardi 12 janvier 2010

Faisons chuter le capitalisme !

Le régime sarkoziste oppresse tous les citoyens d'où qu'ils viennent, quoiqu'ils croient : attendrons-nous de nouvelles réformes qui pourriront encore un peu plus notre situation déjà bien précaire?

Les lois racistes, la répression, la propagande médiatique toujours plus corrompue chaque jour, l'appauvrissement : nous vivons dans l'illusion de la démocratie sous prétexte qu'il y a eu vote. Serait-ce le premier suffrage menant à la dictature et à l'oppression ?

Dans ce simulacre de république, dans lequel le président loge à Versailles et s'octroie toujours plus de biens, l'homme doit retrouver son histoire et ne pas faire les mêmes erreurs. Quitte à être durement réprimés, choisissons de subir les conséquences de nos actes : « Il y a pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles ».

Serons-nous collabos ou résistants : à l'heure de l'exaltation de Guy Moquet nouvel emblème de la résistance, à l'heure de la rengaine « que veux-tu faire pour ton pays » ? Il est grand temps que les bottes du pauvre battent le pavé, crient à la résistance et reprennent ses droits.

Un devoir, sauver sa dignité : plus de corporatisme, plus de lutte individuelle ; devant l'attaque massive du gouvernement pour réduire l'homme à sa rentabilité, l'homme doit répondre par tous les moyens qui lui restent.

3 novembre 2007
Ces derniers jours nous ont montré que les attaques étaient multiples.

Venant d'une seule direction et touchant un nombre important de secteurs. Nous savons dès maintenant quelles seront en partie les conséquences (négatives) pour l'ensemble de la population.

Une réaction, un début d'organisation a été tenté et est en cours de construction. Nous verrons bien ce que cela donnera...?
Mais pour moi, j'en ai la conviction nous faisons erreur.
Nous ne sommes pas à la mesure de l' « événement » !

Le corps est passé en phase terminale, nous avons en face de nous une armée en ordre de bataille, ce ne sont pas des attaques sociales, mais une véritable vision politique, un grand récit, qui ne remet pas seulement en cause les fonctionnaires ou l'école publique, mais une grande partie de ce qui constitue notre identité et ce sur quoi le pouvoir assoit sa légitimité, le mythe de 1789.
Liberté, Egalité, Fraternité ou la mort ! On l'avait oublié et on avait oublié que ce n'était qu'à ce prix, qu'on pourrait obtenir et conserver le moindre acquis.
...il faut se méfier du loup qui dort, je dirais gare au mouton noir!
Nous voilà donc avec un gouvernement qui assoit sa légitimité sur la République française, tout en violant les droits et devoirs les plus fondamentaux de cette même République.
N'avions-nous pas dit que l'existence d'une démocratie implique l'existence de citoyens libres et égaux face à la loi ?

Le corps est malade, et il meurt de sa maladie.
On traite les symptômes, les effets sans s'attaquer à la source du mal.
Comment guérir une grippe ? Juste en se mouchant?
Moi, citoyen anonyme, je ne veux pas passer ma vie à me moucher.
Ne sous-estimons pas la maladie qu'est le capitalisme et donnons-nous les moyens de l'éradiquer. Le temps ne joue pas pour nous.
L'homme souffre, la société souffre et bientôt cette jolie planète bleue ne sera plus qu'un bon souvenir.
Il n'est plus le temps de construire, (un mouvement, un grand parti révolutionnaire....)
Il faut d'abord détruire !
Tous ensemble et plus déterminé que jamais, attaquons-nous à la racine du mal, la raison de tous nos maux et que dans cette émancipation (qui sera aussi une joyeuse fête) trouvons-y les ressources pour créer un monde meilleur.
Un autre Monde est possible? Commençons par le rêver !
Nous ne sommes pas seuls, ils ont les bombes, nous avons le nombre (et de surcroit l'article 35 !)
Vivre libre ou mourir....?

Pour finir je n'ai plus qu'une seule chose à ajouter, Aux armes camarades !!!!!!!!!!!!!!!!

PS : Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1793, article 35
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

A tous les pros de la lutte, vedettes syndicalistes
Ce service après-vente d'engeance capitaliste
Assez criés de mots tous dénués de sens
Résistance, combat, tout ce qui met en transe
A trop vouloir penser, on en oublie d'agir
A trop vouloir chanter quand on se fait punir ;
Alors à tous ces hommes qui prétendent savoir
Connaître le remède à tous nos désespoirs
Moins de mots, plus d'actions, de détermination
Car un jour, dans la rue, nous nous reconnaitrons.

samedi 9 janvier 2010

DOSSIER I \\ Contexte futuristique

DANGER DE CONNEXION TOTALE



7h00, l’alarme se met à sonner, c’est l’heure de se lever. Un pied dans chaque pantoufle et hop ! Debout. Appuyer sur un bouton et une machine me prépare un bon café. Je regarde sur le pallier et suis satisfait d’y trouver le journal. J’apprends tant de choses sur la situation mondiale que j’en suis presque étourdi. J’allais m’interroger sur certaines de ces choses quand mon portable retenti. C’est le réveil de secours au cas où le premier oublie de sonner. Alors j’allume mon ordinateur et me connecte sur YouTube tout en m’habillant avec soin. Il y a tant de clips, de sites auxquels j’accède en quelques clicks, que je suis absorbé par mes découvertes et commence à être dangereusement en retard. 8h40, je détale jusqu’à la rame de métro, n’omettant pas d’attraper un Direct Matin au vol. Confortablement assis sur un des strapontins je m’arrête à la page des horoscopes. J’étudie les prédictions qui me concernent : Vie sociale : un grand travail vous attend aujourd’hui, mais votre esprit de cohésion et votre capacité à prendre des décisions vous permettront de venir à bout des difficultés. Cœur : votre conjoint(e) va vous surprendre en vous rappelant quelques vieux souvenirs. Troublé par ces étranges destinées arbitraires qui nous mènent vers l’inconnu j’en viens à rêvasser sur mon sort et peut être celui du monde entier…

Mais le métro freine brusquement à la station que je dois emprunter pour retrouver le chemin de mon travail. 9h10, j’entre dans les bâtiments resplendissants de l’entreprise, saluant des foules sur mon passage, grimpant les étages du building en ascenseur, aux cotés d’une séduisante secrétaire, prolongeant la mèche de mes cheveux à l’aide de ma main libre, l’autre main tenant la poignée de ma mallette. Jusqu'à 1h00 je travaille intensément à la formation d’une courbe de croissance sur mon PC. Les pourcentages que je calcule sont effarants. J’en témoigne à mes collègues lors de la pause déjeuner. Ceux-ci complètent mes informations d’autres informations toutes aussi effarantes qu’ils collectèrent durant leur matinée de recherche. C’est fou ce que nous accomplissons ensemble, ce super travail nous réjouie au plus haut point, nous retournons à l’étude avec entrain. L’après-midi se passe sans heurt et, sur nos travaux, le jour décroît. Bientôt, une brève coupure d’électricité nous invite à quitter nos postes. Il est 6h00, le cerveau enrubanné d’une centaine de résultats, je m’éloigne de la centrale de recherche, guidé magiquement par la ville lumière. Ma flânerie butte sur la devanture d’un Mac Donald où un R’NB furieux résonne, faisant se trémousser indistinctement ma moelle épinière. Je commande sans tarder Big Mac, petit Wrap, frittes et Ice Tea, et me dirige vers une des tables près de la fenêtre. La vision des milliers d’hommes et de femmes qui transitent vers je ne sais où, comme moi, me remplie d’une sensation de sécurité incommensurable. Mais je ne reste pas longtemps, on ne peut rester longtemps à Mac Donald. De retour à la maison, je m’installe devant la télévision. Sur FR3, ils passent Cyrano de Bergerac. Quel film !

Deux épilogues au choix :

1) Quelques années plus tard Monsieur X atteint l’âge de la retraite et quitta son entreprise pour faire un voyage dont il ne revint plus jamais.

2) Quelques années plus tard Monsieur X se tira une charge de plomb dans la gueule après s’être ouvert les veines au rasoir et fumé une pipe de crack.