lundi 8 février 2010

Les néo-pamphlétaires

Un journal dont la survie dépend d'une société à but lucratif ne peut pas être indépendant. Un journal dont la survie financière dépend de la publicité, du bon vouloir d'annonceurs, n'est pas libre.
Un rédacteur en chef qui doit son poste d'un PDG de multinational propriétaire du groupe de presse dont il fait partie, est le vassal de son suzerain, son commanditaire qui souhaite au mieux se faire de l'argent, de s'auréoler de l'image de mécène de la liberté d'expression, au pire faire triompher l'idéologie de ses intérêts de caste et ou de classe. Les journalistes nommés par une rédaction doivent le maintien de leur poste et leur avancement à leur capacité à se conformer à cet ordre dit démocratique qui fixe les limites autorisées où il peut expérimenter une liberté d'expression toute relative au regard de sa dépendance et de son allégeance à un ordre économique, politique. 95 % de la presse est possédée par quelques grands groupes internationaux, marchands d'armes, BTP, qui ont pour intérêt autre chose que la vérité, la justice, la liberté, on peut même dire qu'ils sont les ennemis de la vocation première du journaliste. Journalistes, une caste privilégiée et dominante, plus proche dans sa conception et dans ses intérêts, du pouvoir que du peuple, s'estimant le droit monopolistique de s'exprimer avec légitimité et sérieux.
La France est un pays éminemment politique. Depuis la révolution et l'éruption sur la scène politique et du pouvoir de l'ensemble de la nation, l'identité et les droits ne se rattachent plus à un ordre divin ou une histoire territoriale, mais à un idéal universel et des droits humains qui sont perçus comme le prolongement légitime et logique des droits des Français gagnés, imposés par la révolution, par la rue, imposé par les masses, comme dans toute l'histoire de notre pays par la suite, foule qui est aux yeux des tyrans de tout temps, sauvage et analphabète, donc inférieure. Autrement dit, notre identité est politique et abolit les castes, les classes, les frontières pour en faire l'expression des droits universels de l'homme.
Dans ce contexte historique de la révolution nait le droit du citoyen, donc à intervenir dans l'agora politique, à se mêler de ce qui le regarde de droit, au même titre que le mouvement de masse qui inscrit le droit de l'homme à exercer un pouvoir politique par lui-même et pour lui-même, chaque citoyen est de facto journaliste. Sans rentrer dans les détails de l'histoire, nul n'a le droit de se substituer au peuple, nul n'a le droit de monopoliser l'expression politique, même si c'est en son nom.
Le discours dominant des journalistes qui s'estiment être les mieux placés pour critiquer le pouvoir et éclater la réalité est un mythe, une jolie histoire pour les dupes et ceux qui cherchent un prétexte pour s'élever dans la hiérarchie sociale, symbolique. Ceci montre une réalité qu'il faut cacher pour continuer à dominer, cette réalité c'est qu'il y a eu ces cinquante dernières années une contrerévolution qui revenait sur 200 ans de révolution à commencer par la grande qui fit naitre la figure du citoyen-soldat et que la presse au pouvoir est la main armée de cette réaction, son auxiliaire.
La condescendance avec laquelle les journalistes jugent l'expression populaire, de ses préoccupations, de ses volontés et de ses vérités est plus que de la supériorité, c'est le reflet d'une ignorance volontaire de ce qui ne représente pas les intérêts de cette nouvelle aristocratie qui a construit son pouvoir dans sa capacité à imposer ses vérités et son ordre des choses.
La presse institutionnalisée (l'essentielle) trouve ses membres dans la bourgeoisie et les enfants de Louis le grand, croise les enfants d'Henri IV à la tête de la presse de l'économie, et de l'état qui est soumis et fusionné aux intérêts du capitalisme mondialisé.
Nul n'oserait dire que ces fils d'artisans, de roturiers, de petits bourgeois s'improvisant avocat du peuple en 89 n'étaient pas journalistes, nul ne peut se permettre de remettre en cause ses pères fondateurs qui pourtant ne sortent pas de science po, car ils fondent dans notre histoire la figure légitime d'un père pénard ou d'un Zola, mais au même titre que la démocratie monopolisée par quelques-uns au nom de tous, le déni de ce rôle que tout citoyen a le droit de s'arroger aujourd'hui n'est que le verni d'un holdup historique et illégal commis par la nouvelle noblesse et son aristocratie intellectuelle abâtardie.
Cette volonté, presque frénétique, de discréditer tout ce qui viendrait d'internet, sans nuance, n'est que la preuve de cet antagonisme, la classe au pouvoir toute spécialité confondue, endormeuse, exploiteuse et menteuse, ne veut pas d'un peuple politique, ne veut pas d'un peuple qui imprime sa pensée, sa volonté et qui ainsi en fait un écho démultiplié de son pouvoir et ne fixe aucune borne à sa liberté. Le sérieux du journaliste, sa soi-disant éthique, sa soi-disant capacité à classer ce qui est important de ce qui ne l'est pas, ne reflète que l'hégémonie et la supériorité du seigneur face à l'ignoble, à l'illégitime. Mais les temps changent et rien n'est totalement nouveau, les gesticulations de pantins médiocres qui font d'un fait divers et de la peur un miroir aux alouettes et nos priorités ne pourront désormais faire taire une vérité immuable en France depuis que le pamphlet existe, aujourd'hui comme à l'origine le quatrième pouvoir c'est le peuple, internet donc et non le Monde en est sont expression légitime.


Jean Foutre
La presse est une bouche forcée d'être toujours ouverte et de parler toujours. De là vient qu'elle dit mille fois plus qu'elle n'a à dire, et qu'elle divague souvent. Alfred de Vigny

jeudi 4 février 2010

On ne badine pas avec la fac

Censier ferme ses portes et personne ne réagit. Et pourtant, souvenons-nous, la larme à l'œil, du fameux discours d'accueil en première année, nous expliquant la raison d'être de cette université, de cette « nouvelle Sorbonne » qui n'est plus qu'un nom commun, parmi d'autres. Alors, sous couvert de raisons plus ou moins convaincantes, nous nous apprêtons à regarder s'éteindre cette université si particulière, à l'allure de CES de quartier, et ses théories avec. Quand Censier ne sera plus qu'un escalier de la vieille Sorbonne, le département démuni de cet empire du savoir parisien à travers les siècles, nous ne serons plus que les enfants d'un roi déchu, les restes d'une ambition scientifique et historique réduite à l'ambition mercantile de quelques-uns. Qu'adviendra-t-il alors de cet espace qui fut le lieu de découverte, d'expression et parfois de luttes ? Peut-être un supermarché géant, un mini centre commercial ou le siège social de tel ou tel trust : « antisocial tu perds ton sang-froid », non pas celui-là !
Nous emprunterons donc ces quelques mots à Perdican, de cette tirade si fameuse en la rendant peut-être plus fumeuse, au risque de passer pour un fumiste :
Adieu Censier ! Retourne à ton couvent, et lorsqu'on te fera de ces récits hideux qui t'ont empoisonnés, réponds ce que je vais te dire : tous les étudiants sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; tous les professeurs sont perfides, artificieux, vaniteux, curieux et dépravés ; la rue de Santeuil n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes d'amiante ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en pensée, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on pense, et quand on est place de la Sorbonne, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : « J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai pensé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennemi. »

dimanche 31 janvier 2010

La mémoire



La mémoire est une amie ou une ennemie
Elle est le sel, elle est le poivre
Elle fait de nous des hommes
Qui sentent le temps, fait du passé un compagnon de route, lourd ou léger, ne faisant se ressembler aucun des pas que nous faisons
Le présent un chaos organisé, l’avenir un horizon sans cesse renouvelé
Mémosyne, est notre glaise que l’on pétrit, c’est une matière fluide et fuyante, mais si nous la méritons, nous pétrissons des pots et inventons la civilisation
Comme souvent cette présence, ce ghost est un témoin gênant, alors nous le frappons, on s’en détourne, mais elle n’est pas matière et le souvenir ne se tue pas plus qu’une idée
Car elle ne saigne pas…
Il faut s’en faire une amie et le témoin de nos actes, car elle peut être notre conscience
Moi souvent elle me fait défaut, je la falsifie, perd des souvenirs et ressent l’amputation
Au quotidien elle s’applique à tout mais je ne la maitrise pas
Mémoire mon amie, pour quoi me parles-tu de la mort, pourquoi tu me fais oublier les douceurs de mon enfance. Mauvais compagnon, tu plaques dans mes entrailles, des rappels douloureux. Fais de moi un bateau, un instant au sommet, l’instant d’après dans le creux
Cependant je ne t’en veux
Aucunement, je te renie
Tu m’es précieuse, fais de mon existence un océan
Éclaircis après l’orage, calme avant la tempête, déroule toute ta majesté, me faisant embrasser d’un regard l’ensemble des cieux, assis sur des profondeurs immenses et inquiétantes
Mémoire tu es le temps, tu es la vie

3 mai 2007
12h42

Moi et l’infini

Je me sens écrasé par le poids des choses. Je me sens balloté par les courants, mon corps se terrifie et se pétrifie, morose, devant cet abime cette tempête qui dissimule sous d’épais brouillards le jour à venir indéfini. Je ne sais si je suis sur une jetée, plongé et aspiré devant tant de puissance. Suis-je en train de fuir devant ce bigbang de l’élément aqueux et imposant cette image, évidence créatrice qu’on appelle Dieu ?
Je fuis et mon esprit est resté là, enraciné dans ce passé tourmenté.
De cette jetée, tout en fuyant, je m’observe balloté par une montagne de vents, dans cet océan, déjà à travers les brouillards filtre ou file mon dénouement.
Mais soudain, lâchant cette eau qui m’engloutit je sans mon corps s’élever vers la vie, je lâche cette pesanteur, ce poids accrocher à mon cœur, je file léger comme l’encens, mille vallées et mille vallons, de terre en océans, j’ambrasse ce monde finissant et déjà caressé par un soleil empourprant, d’un seul regard mon œil s’éveille aux jours naissants

10/06/2005 21 h 12

vendredi 29 janvier 2010

Quelques questions, sans réponses, ça fait pas de mal !

Toutes les lois votées par un gouvernement élu sont-elles légitimes ?
« Les chiens de garde » ou la vigilance du système à travers ses membres au sein de mouvements antisystème. Comment l'état exerce son autorité et sa violence en nous transformant d'une façon consciente ou inconsciente en gardien de l'ordre établi et caution de la violence du pouvoir à travers un comportement autoritarisme ?

La notion de libre arbitre au départ surtout développé pour disculper Dieu des choses qu'il ne fait pas, est aujourd'hui à moins de revenir sur sa véracité, surtout un plaidoyer pour rappeler à l'homme que même s'il ne vit pas en toute liberté il est au moins responsable de ce qui fait et surtout de ce qui ne fait pas, ceci, n'est-il pas une vérité ? À vous de juger...

Le début du 21e siècle représente pour l'homme un passage non pas seulement d'un chiffre à un autre, mais une épreuve déterminante ou l'humanité tout entière devra venir à bout de problèmes récurrents tout en affrontant d'autres jamais advenu et consécutif de ces premiers.
En effet si notre société, l'occident ne se remet pas en question, ce n'est pas le prolétariat qui continuera à être exploité dans une situation de quasi-servitude, mais l'humanité qui à brève échéance disparaitra en emportant avec elle dans sa fin cauchemardesque une partie des êtres vivants de notre nature.
Vous allez me dire en quoi suis-je concerné, et qu'est-ce que je peux y faire moi ?
Ces doutes, ces questionnements ou les impératifs de devoir penser à notre vie avec les contingences actuelles ne vaudront plus grand-chose dans un monde qui sombrera dans le chaos. Lorsque les trois quarts de l'humanité qu'on nommait il y a encore peu le tiers monde, lorsqu’y comprit nos enfants nous demanderont des comptes sur ce contrat, ce pacte que nous avons signé avec le diable en détournant les yeux et en ne faisant rien, nous ne pourrons dire nous ne savions pas.
À ce moment-là, notre choix de privilégier nos intérêts individuels et le court terme au détriment de tous n'aura plus de sens, ces 10-20 ans que nous gagnons pour une vie tout compte fait insatisfaisante et médiocre seront peu de chose lorsqu'il faudra payer la facture. Nous avons bonne conscience, alors préparons-nous à hypothéquer le reste de notre existence avec celle de nos enfants (si nous en avons un jour).
Pendant longtemps nous avions cru que nous avions le temps qu'on pourrait s'en occuper demain et bien voilà, nous sommes demain et si nous n'agissons pas à la hauteur de la situation, si l'homme survit ; nous passerons aux yeux de ceux qui nous succèderont comme les plus grands égoïstes, les responsables du pire crime que l'homme a pu commettre dans son histoire, une antithèse, un exemple de ce qui ne faut pas faire, et être comme nos chers petits nazillons du 20e.
Mais soyons bon joueur, et voyons les choses d'une façon pragmatique, cette espèce d'idée qu'il y aurait une contingence économique de l'ordre de la réalité comparable à la matière, fait décréter aujourd'hui à certains, qu'il faut vivre avec son temps qu'il ne peut en être qu'ainsi, alors je dis nous disons ainsi soit-il, que votre pensée archaïsante soit votre tombe.
Mais revenons à une échelle un peu plus locale, les forces, les parties, qui hier se targuaient d'être les défenseurs des opprimés sont aujourd'hui les cogestionnaires de cette catastrophe.
Capitalisme et destruction de l'homme et de son environnement sont intiment liés dans leur logique, et les fous aux commandes trouvent aujourd'hui d'autres fous tout aussi lâches dans nos rangs qui ne demandent qu'une caution pour masquer leur faiblesse et leur volonté de ne pas s'attacher à la cause de tout ceci avec les armes adéquates.
Il est plus facile d'arborer un t-shirt de Che, prendre des poses de cador révolutionnaire, se faire les émissaires de l'ordre de cet ordre avec bonne conscience dans les foyers de résistance et de se découvrir une âme de pacifiste au moment où l'affrontement avec les manifestations physiques de cet ordre fait rage.
En tant que lâche, en tant que bourgeois, en tant que réactionnaire je vis mieux, dans mon statut d'étudiant avec toute les contradictions que cela comporte si je suis un jcr syndiqué à l'UNEF qui construit un mouvement pour des lendemains qui chantent qui ne viendront jamais si ce n'est avec la délivrance en quittant ce bas monde dans lequel on ne peut décidément rien faire, révolutionnaire laisse-moi rire.
Et j'en veux pour preuve cette façon qu’ils ont d'inventer des mots pour cacher leur traitrise, on jette l'anathème sur le gauchiste, le toto ou tout simplement ceux qui ont encore la folie de croire en leurs idéaux, ceux-là ils croient au grand soir, mais ce rejet du grand soir n'est-il pas plutôt un aveu que toute action et bonne à entreprendre sauf celle qui nous y amène ?
N'est-ce pas pour cacher un sophisme une malhonnête, un réflexe de classe qui trahit leur volonté à ce que rien ne change ?
Il m'est plus facile de prendre des postures de résistant, éternel rebelle, sans avoir à lier ses pensées à ses actes, car demain ils trouveront leur place bien dans un système à en juger leurs actes qu'ils ne trouvent pas si mal et qui leur aura gardé une place bien au chaud.
Alors camarade, celui qui souffre et ne voit aucun espoir et intérêt à jouer le jeu de la lutte des classes version dialogue sociale et qui sait n'avoir rien à perdre dans ce système qui quoi qu'il arrive ne te donnera pas les conditions de ton bonheur. Prend courage même si la situation est pour l'instant à notre désavantage le cours des évènements nous donnera bientôt raison.
Quand les pétrodollars ne vaudront plus rien et que le dernier round aura sonné, quand le tiers-monde frappera à la porte de l'occident réclamant son du, comme le tiers état à la noblesse, l'heure sera venu pour toi de chasser et pourchasser ces traitres qui depuis plus d'un siècle te poignardent dans le dos à chaque tentative de libération et lorsque les sociaux traitres seront tous pendus haut et court alors nous marcherons main dans la main contre le grand capital et ce jour-là nous ne serons plus seuls.

Moins de biens plus de liens, prolétaires unissez vous pour mettre fin à l'esclavage social, la violence d'État, et le pillage planétaire !

mercredi 20 janvier 2010

Qu’est-ce que l’anarchisme ?

Lu sur Kaosphorus : « Qu’est-ce que l’anarchisme ? »


Le Prophète Mahomet a dit que tous ceux qui vous saluent par « Salam ! » (paix) doivent être considérés comme musulmans. De la même manière, tous ceux qui s’appellent eux-mêmes « anarchistes » doivent être considérés comme des anarchistes (à moins qu’ils ne soient des espions de la police) – c’est-à-dire, qu’ils désirent l’abolition du gouvernement. Pour les soufis, la question « Qu'est-ce que un musulman ? » n’a absolument aucun intérêt. Ils demandent, au contraire, « Qui est ce musulman ? Un dogmatique ignorant ? Un coupeur de cheveux en quatre ? Un hypocrite ? Ou bien est-ce celui qui tend à expérimenter la connaissance, l’amour et la volonté comme un tout harmonieux ? »

« Qu'est-ce que un anarchiste ? » n’est pas la bonne question. La bonne question c’est : « Qui est cet anarchiste ? Un dogmatique ignorant ? Un coupeur de cheveux en quatre ? Un hypocrite ? Celui-là qui proclame avoir abattu toutes les idoles, mais qui en vérité n’a fait qu’ériger un nouveau temple pour des fantômes et des abstractions ? Est-ce celui qui essaye de vivre dans l’esprit de l’anarchie, de ne pas être dirigé/de ne pas diriger – ou bien est-ce celui qui ne fait qu’utiliser la rébellion théorique comme excuse à son inconscience, à son ressentiment et à sa misère ? »

Les querelles théologiques mesquines des sectes anarchistes sont devenues excessivement ennuyeuses. Au lieu de demander des définitions (des idéologies), posez la question : « Qu’est-ce que tu sais ? », « quels sont tes véritables désirs ? », « que vas-tu faire à présent ? » et, comme Diaghilev le dit au jeune Cocteau : « Étonne-moi ! »

Qu’est-ce que le gouvernement ?

Le gouvernement peut être décrit comme une relation structurée entre les êtres humains par laquelle le pouvoir est réparti inégalement, de telle manière que la vie créatrice de quelques-uns est réduite pour l’accroissement de celle des autres. Ainsi, le gouvernement agit dans toutes les relations dans lesquelles les intervenants ne sont pas considérés comme des partenaires à part entière agissant dans une dynamique de réciprocité. On peut ainsi voir à l’œuvre le gouvernement dans des cellules sociales aussi petites que la famille ou « informelles » comme les réunions de voisinage – là où le gouvernement ne pourra jamais toucher des organisations bien plus grandes comme les foules en émeute ou les rassemblements de passionnés par leur hobby, les réunions de quaker ou de soviets libres, les banqueteurs ou les œuvres de charité.

Les relations humaines qui s’engagent sur un tel partenariat peuvent, au travers d’un processus d’institutionnalisation, sombrer dans le gouvernement – une histoire d’amour peut évoluer en mariage, cette petite tyrannie de l’avarice de l’amour ; ou bien encore une communauté spontanée, fondée librement afin de rendre possible une certaine manière de vivre désirée par tous ses membres, peut se retrouver dans une situation où elle doit gouverner et exercer une coercition à l’encontre de ses propres enfants, au travers de règles morales mesquines et des reliquats d’idéaux autrefois glorieux.

Ainsi, la tâche de l’anarchie n’est jamais destinée à perdurer qu’à court terme. Partout et toujours, les relations humaines seront concrétisées par des institutions et dégénèreront en gouvernements. Peut-être que l’on pourrait soutenir que tout cela est « naturel »… Mais quoi ? Son opposé est tout aussi « naturel ». Et s’il ne l’était pas, alors on pourrait toujours choisir le « non-naturel », l’impossible.

Cependant, nous savons que les relations libres (non gouvernées) sont parfaitement possibles, car nous en faisons l’expérience assez souvent – et plus encore lorsque nous luttons pour les créer. L’anarchiste choisit la tâche (l’art, la jouissance) de maximiser les conditions sociales afin de provoquer l’émergence de telles relations. Puisque c’est ce que nous désirons, c’est ce que nous faisons.

Et les criminels ?

Les considérations ci-dessus peuvent être comprises comme impliquant une forme d’« éthique », une définition mutable de la justice dans un contexte existentiel et situationniste. Les anarchistes ne devraient probablement considérer comme « criminels » que ceux qui contrarient délibérément la réalisation des relations libres. Dans une société hypothétique sans prisons, seuls ceux que l’on ne peut dissuader de telles actions pourront être livrés à la « justice populaire » ou même à la vengeance.

Aujourd’hui, cependant, nous ferions bien de réaliser que notre propre détermination à créer de telles relations, même de manière imparfaite et utopique, nous placera inévitablement dans une position de « criminalité » vis-à-vis de l’État, du système légal et probablement de la « loi non écrite » du préjugé populaire. Depuis longtemps être un martyr révolutionnaire est passé de mode – le but présent est de créer autant de liberté que possible sans se faire attraper.

Comment fonctionne une société anarchiste ?

Une société anarchiste œuvre, partout où deux ou plusieurs personnes luttent ensemble, dans une organisation de partenariat original, afin de satisfaire des désirs communs (ou complémentaires). Aucun gouvernement n’est nécessaire pour structurer un groupe de potes, un diner, un marché noir, un tong (ou une société secrète d’aide mutuelle), un réseau de mail ou un forum, une relation amoureuse, un mouvement social spontané (comme l’écosabotage ou l’activisme anti-SIDA), un groupe artistique, une commune, une assemblée païenne, un club, une plage nudiste, une Zone Autonome Temporaire. La clé, comme l’aurait dit Fourier, c’est la Passion – ou, pour utiliser un mot plus moderne, le désir.

Comment pouvons-nous y parvenir ? En d’autres termes, comment maximiser la potentialité que de telles relations spontanées puissent émerger du corps putrescent d’une société asphyxiée par la gouvernance ? Comment pouvons-nous desserrer les rênes de la passion afin de recréer le monde chaque jour dans une liberté originelle du « libre esprit » et d’un partage des désirs ? Une question à deux balles – et qui ne vaut réellement pas beaucoup plus puisque la seule réponse possible ne relève que de la science-fiction.

Très bien. Mon sens de la stratégie tend vers un rejet des vestiges des tactiques de l’ancienne « Nouvelle Gauche » comme la démo, la performance médiatique, la protestation, la pétition, la résistance non violente ou le terrorisme aventurier. Ce complexe stratégique a été depuis longtemps récupéré et marchandisé par le Spectacle (si vous me permettez un excès de jargon situationniste).

Deux autres domaines stratégiques, assez différents, semblent bien plus intéressants et prometteurs. Le premier est le processus résumé par John Zerzan [1] dans Elements of Refusal – c’est-à-dire, le refus de mécanismes de contrôle étendus et largement apolitiques inhérents aux institutions comme le travail, l’éducation, la consommation, la politique électorale, les « valeurs familiales », etc. Les anarchistes pourraient tourner leur attention vers des manières d’intensifier et de diriger ces « éléments ». Une telle action pourrait bien tomber dans la catégorie traditionnelle de l’« agit-prop », mais éviterait la tendance « gauchiste » à institutionnaliser ou « fétichiser » les programmes d’une élite ou avant-garde révolutionnaire autoproclamée.

L’action dans le domaine des « éléments du refus » est négative, « nihiliste » même, tandis que le second secteur se concentre sur les émergences positives d’organisations spontanées capables de fournir une réelle alternative aux institutions du Contrôle. Ainsi, les actions insurrectionnelles du « refus » sont complétées et accrues par une prolifération et une concaténation des relations du « partenariat original ». En un sens, c’est là une version mise à jour de la vieille stratégie « Wobbly » [2] d’agitation en vue d’une grève générale tout en bâtissant simultanément une nouvelle société sur les décombres de l’ancienne au travers de l’organisation des syndicats. La différence, selon moi, c’est que la lutte doit être élargie au-delà du « problème du travail » afin d’inclure tout le panorama de la « vie de tous les jours » (dans le sens de Debord).

J’ai essayé de faire des propositions bien plus spécifiques dans mon essai Zone Autonome Temporaire (Autonomedia, NY, 1991) ; donc, je me restreindrai ici à mentionner mon idée que le but d’une telle action ne peut être désigné proprement sous le vocable de « révolution » — tout comme la grève générale, par exemple, n’était pas une tactique « révolutionnaire », mais plutôt une « violence sociale » (ainsi que Sorel l’a expliqué). La révolution s’est trahie elle-même en devenant une marchandise supplémentaire, un cataclysme sanglant, un tour de plus dans la machinerie du Contrôle – ce n’est pas ce que nous désirons, nous préférons laisser une chance à l’anarchie de briller.

L’anarchie est-elle la Fin de l’Histoire ?

Si le devenir de l’anarchie n’est jamais « accompli » alors la réponse est non – sauf dans le cas spécial de l’Histoire définie comme autovalorisation privilégiée des institutions et gouvernements. Mais, l’histoire dans ce sens est déjà probablement morte, a déjà « disparu » dans le Spectacle, ou dans l’obscénité de la Simulation. Tout comme l’anarchie implique une forme de « paléolithisme psychique », elle tend traditionnellement vers un état posthistorique qui reflèterait celui de la préhistoire. Si les théoriciens français ont raison, nous sommes déjà entrés dans un tel état. L’histoire comme l’histoire (dans le sens de récit) continuera, car il se pourrait que les humains puissent être définis comme des animaux racontant des histoires. Mais l’Histoire, en tant que récit officiel du Contrôle, a perdu son monopole sur le discours. Cela devrait, sans aucun doute, travailler à notre avantage.

Comment l’anarchie perçoit-elle la technologie ?

Si l’anarchie est une forme de « paléolithisme », cela ne signifie nullement que nous devrions retourner à l'âge de la pierre. Nous sommes intéressés par un retour au Paléolithique et non en lui. Sur ce point, je crois que je suis en désaccord avec Zerzan et le Fifth Estate [3] ainsi qu’avec les futurs libertariens de CaliforniaLand. Ou plutôt, je suis d’accord avec eux tous, je suis à la fois un luddite et un cyberpunk, donc inacceptable pour les deux partis.

Ma croyance (et non ma connaissance) est qu’une société qui aurait commencé à approcher une anarchie générale traiterait la technologie sur la base de la passion, c’est-à-dire, du désir et du plaisir. La technologie de l’aliénation échouerait à survivre à de telles conditions, alors que la technologie de l’amélioration survivrait probablement. La sauvagerie, cependant, jouerait aussi nécessairement un rôle majeur dans un tel monde, car la sauvagerie est le plaisir. Une société basée sur le plaisir ne permettra jamais à la techné [4] d’interférer avec les plaisirs de la nature.

S’il est vrai que toute techné est une forme de médiation, il en va de même de toute culture. Nous ne rejetons pas la médiation per se (après tout, tous nos sens sont une médiation entre le « monde » et le « cerveau »), mais plutôt la tragique distorsion de la médiation en aliénation. Si le langage lui-même est une forme de médiation alors nous pouvons « purifier le langage de la tribu » ; ce n’est pas la poésie que nous haïssons, mais le langage en tant que contrôle.

Pourquoi l’anarchie n’a-t-elle pas marché auparavant ?

Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? Elle a marché des milliers, des millions de fois. Elle a fonctionné durant 90 % de l’existence humaine, le vieil Âge de la pierre. Elle marche dans les tribus de chasseurs/cueilleurs encore aujourd’hui. Elle marche dans toutes les « relations libres » dont nous avons parlé auparavant. Elle marche chaque fois que vous invitez quelques amis pour un piquenique. Elle a « marché » même dans les « soulèvements ratés » des soviets de Munich ou de Shanghai, de Baja California en 1911, de Fiume en 1919, de Kronstadt en 1912, de Paris en 1968. Elle a marché pour la Commune, les enclaves de Maroons, les utopies pirates. Elle a marché dans les premiers temps du Rhodes Islande et de la Pennsylvanie, à Paris en 1870, en Ukraine, en Catalogne et en Aragon.

Le soi-disant futur de l’anarchie est un jugement porté précisément par cette sorte d’Histoire que nous croyons défunte. Il est vrai que peu de ces expériences (sauf pour la préhistoire et les tribus primitives) ont duré longtemps – mais cela ne veut rien dire quant à la valeur de la nature de l’expérience, des individus et des groupes qui vécurent de telles périodes de liberté. Vous pouvez peut-être vous souvenir d’un bref, mais intense amour, un de ces moments qui aujourd’hui encore donne une certaine signification à toute votre vie, avant et après – un « pic d’expérience ». L’Histoire est aveugle à cette portion du spectre, du monde de la « vie de tous les jours » qui peut aussi devenir à l’occasion la scène de l’« irruption du Merveilleux ». Chaque fois que cela arrive, c’est un triomphe de l’anarchie. Imaginez alors (et c’est la sorte d’histoire que je préfère) l’aventure d’une importante Zone Autonome Temporaire durant six semaines ou même deux ans, le sens commun de l’illumination, la camaraderie, l’euphorie – le sens individuel de puissance, de destinée, de créativité. Aucun de ceux qui n’ont jamais expérimenté quelque chose de ce genre ne peut admettre, un seul moment, que le danger du risque et de l’échec pourrait contrebalancer la pure gloire de ces brefs moments d’élévation.

Dépassons le mythe de l’échec et nous sentirons, comme la douce brise qui annonce la pluie dans le désert, la certitude intime du succès. Connaitre, désirer, agir – en un sens nous ne pouvons désirer ce que nous ne connaissons déjà. Mais nous avons connu le succès de l’anarchie pendant un long moment maintenant – par fragments, peut-être, par flashes, mais réel, aussi réel que la mousson, aussi réel que la passion. Si ce n’était pas le cas, comment pourrions-nous la désirer et agir peu ou prou à sa victoire ?

Hakim Bey

Titre original : « The Willimantic/Rensselaer Questions » tiré de : Anarchy and the End of History, pp. 87-92
Traduction française par Spartakus FreeMann, avril 2009 e.v.

mercredi 13 janvier 2010

Poésie

Anonyme, anonymat, seul dans les artères remplies d’hommes je me débats.
Sombre dans le regard, étranger dans leur chair et pourtant divin.
Entités que je questionne du regard, en miroir inquiété ils me répondent en vain.
Rue immémoriale, d’un Paris devenu poubelle, dans des artères bouchées,
obstruées dans lesquelles, je m’englue, immonde vermine, vitrine et lumière, parcmètre de la liberté.
Seul dans ces plaies pourpres de sang et sans une âme habitée.
Barricade d’humanité, miroir de vanité, apogée d’abus.
Frère enchaîné que je préssent, dans lesquels je me suis vu.
Je les sers et les insères plonge mes lèvres dans leur regard et bois leur sang.
Bousculent ce qui m’en sépare, bien que fuyant j’encombre ma rue.
Anonyme au milieu des miens, je tente un dernier effort.
Ennemi au milieu de frère, je jette mes dés à la face du sort.
Liberté égalité, fraternité, pour chaque mensonge je prends mon dû.
Anarchie, communisme, socialisme, dans n’importe quel cadavre je cherche la justice.
D’un monde qui me navre et me pousse au firmament.
Dans ces tuyaux de rue, dépourvus d’échos dans leur regard je glisse et me mens.
Malgré tout je me hisse et du ciel je contemple mon monde.
Frère, à qui je chante, sache que je désespère de ton vice immonde.
Société qui m’abandonne, fleur de lys fanée, sache que je ne suis aphone.
Entends-tu cette cloche au lointain, désespoir homme moche à qui je ne
Pardonne.
Souvenir du latin, je ne me résouds à ta donne, Babylone.
Ton effort est vain ma bombe au sémaphore, je cache dans un coin.
Dans le noir elle mâche, à la lumière bientôt elle résonne.
Dans un rouge, dans ton sein, elle éclatera, c’est ton or.
Et sonne de nouveaux lendemains, bien que nous pourrions tous être morts. Si ce n’est au moins avec panache, avec éclat, dans mes mains cette bombe dort.

mardi 12 janvier 2010

Faisons chuter le capitalisme !

Le régime sarkoziste oppresse tous les citoyens d'où qu'ils viennent, quoiqu'ils croient : attendrons-nous de nouvelles réformes qui pourriront encore un peu plus notre situation déjà bien précaire?

Les lois racistes, la répression, la propagande médiatique toujours plus corrompue chaque jour, l'appauvrissement : nous vivons dans l'illusion de la démocratie sous prétexte qu'il y a eu vote. Serait-ce le premier suffrage menant à la dictature et à l'oppression ?

Dans ce simulacre de république, dans lequel le président loge à Versailles et s'octroie toujours plus de biens, l'homme doit retrouver son histoire et ne pas faire les mêmes erreurs. Quitte à être durement réprimés, choisissons de subir les conséquences de nos actes : « Il y a pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles ».

Serons-nous collabos ou résistants : à l'heure de l'exaltation de Guy Moquet nouvel emblème de la résistance, à l'heure de la rengaine « que veux-tu faire pour ton pays » ? Il est grand temps que les bottes du pauvre battent le pavé, crient à la résistance et reprennent ses droits.

Un devoir, sauver sa dignité : plus de corporatisme, plus de lutte individuelle ; devant l'attaque massive du gouvernement pour réduire l'homme à sa rentabilité, l'homme doit répondre par tous les moyens qui lui restent.

3 novembre 2007
Ces derniers jours nous ont montré que les attaques étaient multiples.

Venant d'une seule direction et touchant un nombre important de secteurs. Nous savons dès maintenant quelles seront en partie les conséquences (négatives) pour l'ensemble de la population.

Une réaction, un début d'organisation a été tenté et est en cours de construction. Nous verrons bien ce que cela donnera...?
Mais pour moi, j'en ai la conviction nous faisons erreur.
Nous ne sommes pas à la mesure de l' « événement » !

Le corps est passé en phase terminale, nous avons en face de nous une armée en ordre de bataille, ce ne sont pas des attaques sociales, mais une véritable vision politique, un grand récit, qui ne remet pas seulement en cause les fonctionnaires ou l'école publique, mais une grande partie de ce qui constitue notre identité et ce sur quoi le pouvoir assoit sa légitimité, le mythe de 1789.
Liberté, Egalité, Fraternité ou la mort ! On l'avait oublié et on avait oublié que ce n'était qu'à ce prix, qu'on pourrait obtenir et conserver le moindre acquis.
...il faut se méfier du loup qui dort, je dirais gare au mouton noir!
Nous voilà donc avec un gouvernement qui assoit sa légitimité sur la République française, tout en violant les droits et devoirs les plus fondamentaux de cette même République.
N'avions-nous pas dit que l'existence d'une démocratie implique l'existence de citoyens libres et égaux face à la loi ?

Le corps est malade, et il meurt de sa maladie.
On traite les symptômes, les effets sans s'attaquer à la source du mal.
Comment guérir une grippe ? Juste en se mouchant?
Moi, citoyen anonyme, je ne veux pas passer ma vie à me moucher.
Ne sous-estimons pas la maladie qu'est le capitalisme et donnons-nous les moyens de l'éradiquer. Le temps ne joue pas pour nous.
L'homme souffre, la société souffre et bientôt cette jolie planète bleue ne sera plus qu'un bon souvenir.
Il n'est plus le temps de construire, (un mouvement, un grand parti révolutionnaire....)
Il faut d'abord détruire !
Tous ensemble et plus déterminé que jamais, attaquons-nous à la racine du mal, la raison de tous nos maux et que dans cette émancipation (qui sera aussi une joyeuse fête) trouvons-y les ressources pour créer un monde meilleur.
Un autre Monde est possible? Commençons par le rêver !
Nous ne sommes pas seuls, ils ont les bombes, nous avons le nombre (et de surcroit l'article 35 !)
Vivre libre ou mourir....?

Pour finir je n'ai plus qu'une seule chose à ajouter, Aux armes camarades !!!!!!!!!!!!!!!!

PS : Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1793, article 35
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

A tous les pros de la lutte, vedettes syndicalistes
Ce service après-vente d'engeance capitaliste
Assez criés de mots tous dénués de sens
Résistance, combat, tout ce qui met en transe
A trop vouloir penser, on en oublie d'agir
A trop vouloir chanter quand on se fait punir ;
Alors à tous ces hommes qui prétendent savoir
Connaître le remède à tous nos désespoirs
Moins de mots, plus d'actions, de détermination
Car un jour, dans la rue, nous nous reconnaitrons.

samedi 9 janvier 2010

DOSSIER I \\ Contexte futuristique

DANGER DE CONNEXION TOTALE



7h00, l’alarme se met à sonner, c’est l’heure de se lever. Un pied dans chaque pantoufle et hop ! Debout. Appuyer sur un bouton et une machine me prépare un bon café. Je regarde sur le pallier et suis satisfait d’y trouver le journal. J’apprends tant de choses sur la situation mondiale que j’en suis presque étourdi. J’allais m’interroger sur certaines de ces choses quand mon portable retenti. C’est le réveil de secours au cas où le premier oublie de sonner. Alors j’allume mon ordinateur et me connecte sur YouTube tout en m’habillant avec soin. Il y a tant de clips, de sites auxquels j’accède en quelques clicks, que je suis absorbé par mes découvertes et commence à être dangereusement en retard. 8h40, je détale jusqu’à la rame de métro, n’omettant pas d’attraper un Direct Matin au vol. Confortablement assis sur un des strapontins je m’arrête à la page des horoscopes. J’étudie les prédictions qui me concernent : Vie sociale : un grand travail vous attend aujourd’hui, mais votre esprit de cohésion et votre capacité à prendre des décisions vous permettront de venir à bout des difficultés. Cœur : votre conjoint(e) va vous surprendre en vous rappelant quelques vieux souvenirs. Troublé par ces étranges destinées arbitraires qui nous mènent vers l’inconnu j’en viens à rêvasser sur mon sort et peut être celui du monde entier…

Mais le métro freine brusquement à la station que je dois emprunter pour retrouver le chemin de mon travail. 9h10, j’entre dans les bâtiments resplendissants de l’entreprise, saluant des foules sur mon passage, grimpant les étages du building en ascenseur, aux cotés d’une séduisante secrétaire, prolongeant la mèche de mes cheveux à l’aide de ma main libre, l’autre main tenant la poignée de ma mallette. Jusqu'à 1h00 je travaille intensément à la formation d’une courbe de croissance sur mon PC. Les pourcentages que je calcule sont effarants. J’en témoigne à mes collègues lors de la pause déjeuner. Ceux-ci complètent mes informations d’autres informations toutes aussi effarantes qu’ils collectèrent durant leur matinée de recherche. C’est fou ce que nous accomplissons ensemble, ce super travail nous réjouie au plus haut point, nous retournons à l’étude avec entrain. L’après-midi se passe sans heurt et, sur nos travaux, le jour décroît. Bientôt, une brève coupure d’électricité nous invite à quitter nos postes. Il est 6h00, le cerveau enrubanné d’une centaine de résultats, je m’éloigne de la centrale de recherche, guidé magiquement par la ville lumière. Ma flânerie butte sur la devanture d’un Mac Donald où un R’NB furieux résonne, faisant se trémousser indistinctement ma moelle épinière. Je commande sans tarder Big Mac, petit Wrap, frittes et Ice Tea, et me dirige vers une des tables près de la fenêtre. La vision des milliers d’hommes et de femmes qui transitent vers je ne sais où, comme moi, me remplie d’une sensation de sécurité incommensurable. Mais je ne reste pas longtemps, on ne peut rester longtemps à Mac Donald. De retour à la maison, je m’installe devant la télévision. Sur FR3, ils passent Cyrano de Bergerac. Quel film !

Deux épilogues au choix :

1) Quelques années plus tard Monsieur X atteint l’âge de la retraite et quitta son entreprise pour faire un voyage dont il ne revint plus jamais.

2) Quelques années plus tard Monsieur X se tira une charge de plomb dans la gueule après s’être ouvert les veines au rasoir et fumé une pipe de crack.

DOSSIER I \\ Contexte actuelle

Désirllusion : propagande étatique



Des désirs et des illusions, voilà de quelle monnaie l’État nous paie. On désire de la sécurité, les rues sont remplies de flics. On désire de la croissance, et voici des réformes pour rendre rentable ce qui devait avant tout être humain, au mépris de la qualité de vie. On veut des modèles pour rêver : l’Express ou Le Point, je sais plus très bien, titre : « Jean Sarkozy, comment le président prépare son fils », et les francs-maçons du gouvernement semblent être glorifiés par ces mêmes torchons de droite sous un fard de fausse dénonciation comme une marque de mystère et d’honneur, joyau perlant au front d’une république qui se voudrait innovante et dynamique alors qu’elle n’est plus aujourd’hui qu’une éprouvette où l’on cultive avec succès une pourriture à l’arrière-gout de dictature pop à la Berlusconi. Et on crée de nouveaux emplois… précaires, à chaque début d’année le chômage va baisser, désir de croissance, illusion de sécurité, d’abondance retrouvée. C’est sans compter sur les agissements d’une classe dirigeante corrompue aux mains des patrons, Anne Parisot et compagnie. On connait la chanson, alors pourquoi s’endort-on à ce point ? Peut-être parce que la jeunesse tente de se soulever, elle est confrontée à des troupeaux de CRS ultra-bourrins dont la seule qualité apparente est un chantant accent provençal. Peut-être parce que lorsque cette jeunesse réussit à se soulever et prend la Sorbonne pour faire entendre sa voix contre les injustices qui menacent sa vie, il ne faut pas compter sur TF1 ni sur Metro, Direct-soir, etc. pour relayer l’information à sa juste mesure. Un de ces gratuits de désinformation que tant saisissent, lassés, dans le métro entre le boulot et le dodo. Je me rappelle plus lequel, réservait au sujet de cette prise de la Sorbonne un encadré moins gros que celui réservé aux recettes de cuisine. Quoi sur l’appel lancé ce soir-là depuis l’université occupée par une étudiante au nom de tous les étudiants et de la lutte devant la caméra ?! Où sont passées les images ? Dailymotion, ouais, et les « vrais médias » ? Cela ne les intéresse pas…

Pendant le CPE, on était au courant de la coordination nationale des étudiants, le mouvement solidaire étendu dans toute la France. Beaucoup moins de bruit aujourd’hui dans les médias alors que le mouvement qui tente désespérément de faire « reculer » le gouvernement sur la LRU… n’est pas moins important, enfin c’est ce qu’il me semble parce que j’ai plus la télé. En définitive tous à vos caméras, car pour ce qui est des organismes d’information professionnels, comme beuglait vigoureusement un gros chevelu à queue de cheval à un départ de manif Place d’Italie : « Média partout, Info nulle part » ou encore « Police Milice, Médias complices ! »

DOSSIER I \\ Les 30 glorieuses et ses conséquences néfastes

Nous avons vu, précédemment, que les femmes et les hommes se sont révoltés de nombreuses fois dans notre Histoire. Aujourd'hui, l'Homme se laisse, tranquillement, engluer dans une routine qui est celle de la consommation de masse. Cette surconsommation demeure néfaste aux femmes et aux hommes en lui créant des envies non essentielles.

Chien-loup aurait dû faire dérailler ce monstre insatiable lorsqu'il était encore qu'un petit glouton avide du lendemain.

C'est après la Seconde Guerre mondiale que s'est instauré l'Âge de la consommation.

À la sortie de la Guerre, l'Europe sombre dans un espoir terne où les odeurs de la traitrise empestent, où les fumées des vestiges des villes étouffent, et où la Vérité brule les yeux. C'est une Europe brumeuse, divisée et en quête de nouveaux espoirs qui soupire à la sortie de cette tuerie.

Profitant de la guerre pour développer ses industries, les États-Unis, à sa sortie, deviennent la première puissance économique et militaire.

Spéculant sur la misère européenne, les U.S.A planifient un plan leur permettant de reconstruire une partie de l'Europe pas encore tombée sous le joug de la main de l'homme de fer, et surtout de faire de l'Europe atlantiste un marché dont la main mise serait bénéfique à la patrie idéologique d'Adam Smith.

C'est en 1948 que le plan Marshall est adopté par les États européens de l'Ouest. Par ce plan, les Américains rénovent l'économie obsolète de l'Europe. Le plan Marshall est une des causes des Trente Glorieuses, période de plein emploi, de création de richesses, et de consommation. L'Europe connait, alors, un nouvel Âge d'or. Le progrès croissant permet une vie plus paisible pour les familles européennes. La machine à laver, le lave-linge viennent en aide aux femmes épuisées par les ingrates tâches ménagères. Cependant, le progrès fait place, progressivement, aux excès de la création. Devons-nous rappeler les plus belles créations de cette période, tel que le couteau électrique ? Émergent, alors, la publicité, les salons des arts ménagers, de l'automobile ; bref tous ces lèche-vitrines qui nous écartent des chemins des vrais besoins.

Mai 68 sonne dans une confusion totale. Les jeunes protestent contre l'austérité des mœurs françaises, les ouvriers, plus lucides, contre cette société qui contraint le monde à consommer et à se taire. Mai 68 avorte par son propre élan de contestation.

Cependant, les artistes n'ont-ils pas montré la superficialité de cette société grandissante ?

Des artistes comme Arman, Ben ou César, témoignent de cette société de consommation par des œuvres qui méritaient une meilleure réflexion à l'époque. Par ses poubelles, Arman n'essaye-t-il pas véhiculer l'idée que cette société créée des faux besoins, des fausses valeurs. Arman ne nous mettait-il pas en garde contre cette société qui hisse au sommet de l'échelle sociale l'homme qui possède le plus de choses ? Hélas ! L'apparence est de mise.

Les trente Glorieuses, période tant chérie par nos ainés, se mutent en un monstre ; destruction innommable des richesses naturelles, télévision à outrance, peopolisation avec ces codes d'apparence, l'acceptation des salaires indécents des dits « élites »... Bienvenue dans la société du marketing, et de la communication où ce qui importe est ton potentiel d'achat, d'heures de visualisation des programmes télévisuels... Abats l'égalité entre les êtres humains, l'Amour et la Liberté.

Cette société de la surconsommation nous plonge dans un état comateux où les marches des politiques gonflés d'ambitions, où l'état apocalyptique du monde nous indiffère. Il était un temps où les hommes se seraient levés depuis bien longtemps.

DOSSIER I \\ Les conditions qui ont amenées vers la société de consommation


« Ne pas être soi, c’est être autre. En latin alienus. Ne pas être soi, pour être perpétuellement autre, c’est être aliéné. L’idéologie qui sous-tend la consommation est une forme d’aliénation ».

Les conditions qui nous ont amenés vers la société de consommation, sont issues d’une façon de percevoir la fonction de la science économique comme un moyen de comprendre les échanges et la production, pour l’optimiser et combler les manques, satisfaire les besoins, aujourd’hui un produit à vendre est aussi une pulsion à satisfaire.

Que ce qui est produit soit une marchandise à vendre ou un bien à redistribuer importe peu, ce sont deux versants qui reflètent une nécessité s’inscrivant dans les mentalités au cours des siècles, des pénuries, guerres, famines... L’économie productiviste communiste ou capitaliste, sont des économies de pénurie. Au 19e siècle (en passant sur les raisons et causes culturelles, religieuses), des progrès techniques dans la production, un afflux de matières premières, une concentration des moyens de production et des richesses ont caractérisé le début de ce que nous appelons l’ère industrielle. Avec les fondements de l’économie capitaliste, ce « progrès » de production, couplé à une économie productiviste répondant à la vieille logique de croissance pour combler une pénurie, mais aussi une volonté de possession et domination exercée par une classe exploitante et dirigeante, nous fera passer après un long processus d’une société industrielle à une société postindustrielle, dite société de consommation (ou surconsommation).

Dans le productivisme, les 30 glorieuses, ou l’illusion du paradis perdu sont un but que l’on n’atteint jamais.

Imposant la logique de son système le capitalisme à travers le consumérisme véhicule une idéologie totalitaire.

Ce processus d’aliénation rendant impossible la révolte, ôte la volonté des gens, leur libre arbitre.

Après les destructions de la guerre, qui ont entrainé aussi un boum de la production de « guerre », va apparaitre la société de consommation, continuant la surproduction dans un but de conquête économique, mobilisant avec une propagande qui se fait séduction, manipulation, consciente et inconsciente, dans les vues d’écouler les marchandises et d’amasser le plus de profits.

Cette même économie opère une colonisation qui au même titre que les colonisateurs qui jadis apportaient la civilisation cachée sous de bons sentiments, mais une colonisation de l’esprit. Amenant l’humanité inéluctablement à son autodestruction, son auto consommation, la rendant cropophage, aliénée dans une jouissance du perpétuel présent, couvée dans un processus infantilisant, dans l’idiocratie médiatico-capitaliste.

Le rêve américain, le paradis perdu, la croissance pleine et le plein emploi des trente glorieuses sont comme une carotte pour adoucir les coups de bâton sur notre vieille carcasse de bête de somme.

Paupérisé, précarisé dans le trop-plein et le trop vide, nos consciences occupées, colonisées perdent le sens de la vie, le capitalisme consumériste produisant une révolution négative inverse les échelles de valeurs. Un commentaire de beigbeder pseudojournaliste sur la pub illustre bien cet état d’esprit ; « la publicité vous apprend à glisser sur la vague, sans voir qu’elle se déplace sur du vide. »

Les vitrines et les pubs remplissent nos yeux et nos consciences. Les distributeurs de billets et les credits a la consommation tournent a plein. « Travailler plus pour gagner plus », on multiplie les desirs a l’infini, desirant ce qu’on a pas et se desinteressant, insatisfait de ce que l’on a. Insatisfait de quoi, la societe de consommation, le capitalisme, la croissance, l’emploi, promettent de remplir nos desirs, nous rendre heureux, nous faire jouir de la vie, « on cree un consommateur pour le produit et non plus seulement un produit pour le consommateur »

Pour que le consommateur continu a acheter y compris quand il n’en a pas besoin ou les moyens, on suscite l’envie en permanence. Plus qu’un produit, on vous vend un reve, devenir un tigre en mangeant des cereales, etre la femme de la tele pour qui tout vaut, en mettant de la creme sur le visage, etc. Bien sur on ne peut s’epanouir avec de l’actimel on n’est pas plus libre chausse de nike, mais la pub vous en persuadera. On apporte les mauvaises reponses a des manques qui cachent parfois bien plus, insatisfait frustre par votre achat qui ne vous a pas rendu comme superman, vous deplacez votre frustration vers la premiere sollicitation qu’on vous met sous le nez. Sature de desirs d’insatisfaction, vous finissez par ne plus vous demander ce qu’il vous faut vraiment, tout est fait pour que vous ne vous le demandiez jamais, en consequence drogue dans le desir du desir, « l’envie d’avoir envie », vous reagissez d’une façon pulsionnelle par stimuli. Ce trop plein de vide, tue l’envie, alors on demultiplie les desirs pour alimenter les fausses envies qui bien sur soit ne sont jamais atteintes soit nous laissent frustre.

Ce systeme a son armee, ses chiens de garde qui vivent de lui, c’est le consommateur et toute objection, ou tentative alternative est sabotee, il ne peut y avoir que la logique de big brother, la matrice cree ses propres regles, illusion que l’on met en permanence devant nos yeux pour qu’elle puisse nous consommer. Matiere premiere, producteur, consommateur et produit, l’homme devient un rouage que l’on utilise et que l’on jette s’il ne sert plus ou s’il est « casse ».

C’est veritablement une ideologie totalitaire qui opere constamment cache sous le masque de la seduction, la propagande, la manipulation, la communication, le marketing, et maintenant le psychomarketing, nous oriente activement vers notre raison d’etre, notre fonction, dans le systeme, consommer/produire. Toute remise en cause devient heretique, alors qu’il faudrait remettre en cause cette societe, ces fondements, son organisation, d’une façon urgente et radicale, les opposants sont chasses intellectuellement, socialement, quand ils ne sont pas exclus ou enfermes. Les damnes du capitalisme, croupissent dans les prisons, dans les hopitaux psychiatriques, faisant tourner a plein l’industrie pharmaceutique, nous creant ainsi les problemes et la solution qui va avec. L’epuisement, l’assechement des individus est rebooste.

Comme l’engrais que l’on met pour continuer a recolter une terre surexploitee qui ne sert plus que de support. Une pensee dominante un conformisme et une normalisation poussee a l’exces, laissent planer une « horreur binaire ambiante ». Dans un mimetisme social et un reglage au pas des masses, une coercition permanente s’exerce sur les moutons noirs, l’esprit du temps se fait pensee dominante et bientot terrorisme psychologique. Nous sommes bien dans une societe vehiculant une ideologie totalitaire, la consommation en gros, avec ses mythes et ses symboles, et une violence symbolique et reelle faite aux recalcitrants.

Annihile l’homme n’utilise plus qu’une partie de son potentiel. Le bonheur qui est bien different et superieur que le plaisir, necessite que l’on soit. Mais vivant en permanence dans le « ça », nous devenons incapable de construire notre moi et sur-moi. En resulte une violence de la societe, dans laquelle vivent des gens qui ne savent plus etre humains.

Ce processus d’alienation rend impossible la revolte. Abeti par le matraquage publicitaire, le flux permanent occupe les espaces vides des jeunes consciences, jusqu’aux interstices. Omnipresente cette illusion collective, finit par tout dire, repondre a tout avant qu’on se pose la moindre question. Cette illusion devient la realite la seule que nous connaissons, dans laquelle nous sommes assimiles, big brother is watching you !


Cette civilisation, antihumaniste, pas du tout civilisee, cree une culture, une contreculture qui prone l’individualisme, un oubli dans le troupeau. La sensiblerie, l’etalage de porno, les bons sentiments, une pensee dominante simpliste sur l’ego et debilitante, ne satisfait ni besoin d’amour ni de spiritualite ni de sens. Le gnangnan, le simple, le « concret » deviennent l’exemple a suivre, la novlangue s’impose et on etouffe les cris de resistance, dormez bien braves gens, on s’occupe de tout. Reclu dans un cloaque, enferme dans notre esprit, le systeme qui dote le specimen d’un logiciel matriciel des l’enfance, lui promet la securite, pour lui faire accepter le collier, l’enclos. Ne sachant pas etre libre, ne sachant que faire de cette liberte et de cette inconnue, du monde de la vie qui nous tend les bras nous croupissons dans notre trou dans un deni morbide de ce que nous sommes.

Mais l’etat capitaliste, comme toute forme d’etat de systeme totalitaire prend « ses abstractions pour des realites ». Les puissants consumes dans leur nevrose de domination, ne voient leur propre perte, et dans sa tentative de perpetuation, de survie le systeme produit des erreurs, cafouille, exclut les individus qu’il ne cerne pas bien. Dans l’implantation des logiciels sociaux se produisent des erreurs, certains decrochent et finissent par voir les coulisses du decor, la realite derriere, l’illusion et partent pour croatane, sion existe ! Et tant qu’il existera un petit groupe pour y croire, ils seront comme un virus pour la matrice qu’est la societe de consommation, engendree par ce neofascisme, qu’est la mondialisation capitaliste.

Detruire cette societe, empecher de nuire ce fleau necessite que l’on s’attaque a ses illusions a ses symboles tant immateriel que materiel. Seules des attaques portees de l’exterieur en son sein, sur ces structures de controle que sont les images, la pub, la marketisation de la vie, la marchandisation des esprits, permettront de s’en liberer. Une revolution, une contreculture sont necessaires, des zones liberees doivent emerger un peu partout, verolant le systeme, dans une « psychologie de la liberation », ici et maintenant, car c’est en se redressant et non pas dans l’attente du bon berger, que l’on devient un homme.

« Ici, avec une miche de pain sous la branche, une bouteille de vin, un livre de poesie - et toi a mes cotes, chantant dans la nature, - et la nature qui est maintenant un paradis.

Ah ! Mon aimee, remplis ma coupe qui libere l’aujourd’hui des douleurs passees et des craintes futures - demain? Oui, demain je pourrais etre moi-meme avec les sept-mille ans d’hier.

Ah ! Mon amour, puissions-nous conspirer toi et moi avec le magicien pour capturer tout cet ordre triste des choses, sans pourtant le detruire - et le refaire alors selon le desir du coeur ! » (Omar fitzgerald).

Les objets, la télévision, les portables, les voitures par exemple, deviennent nos yeux, nos oreilles et notre voix, nos jambes. Elles sont des illusions qui nous bercent, elles doivent être renversées, sous peine de quoi, nous mourrons d’abord d’esprit, puis de corps, en passant à côté de l’essentiel, vivre, rêver, et ne pas laisser un être factice, un reflet nous conduire par la main vers l’oubli, le néant et la fin de notre non-existence.

Cette mise en esclavage de l’humanite a dure, mais ne peut plus durer, arrivee a saturation notre planete est arrivee au bout de ses ressources ; pillee, la terre risque d’une façon globale d’etre entrainee dans le tourbillon de nos delires, reve fou de quelques-uns, qui pour continuer a jouir asservissent et detruisent le monde et l’humanite.

« L’histoire, le materialisme, le monisme, le positivisme, et tous les mots en “ismes” de ce monde sont des outils vieux et rouilles dont je n’ai plus besoin et auxquels je ne prete plus attention. Mon principe c’est la vie, ma fin c’est la mort. Je veux vivre ma vie intensement pour embrasser ma vie tragiquement. Vous attendez la revolution ? La mienne a commence il y a longtemps ! Quand vous serez prets (mon dieu, quelle attente sans fin !), Je ferai volontiers un bout de chemin avec vous. Mais quand vous vous arreterez, je continuerai ma voie folle et triomphale vers la grande et sublime conquete du neant ! Toute societe que vous batirez aura ses limites. Et en dehors des limites de toute societe, les clochards heroïques et turbulents erreront, avec leurs pensees vierges et sauvages - eux qui ne peuvent vivre sans concevoir de toujours nouveaux et terribles eclatements de rebellion ! Je serai parmi eux ! Et apres moi, comme avant moi, il y aura ceux qui disent a leurs freres : “tournez-vous vers vous-memes plutot que vers vos dieux ou vos idoles. Decouvrez ce qui se cache en vous-memes ; ramenez-le a la lumiere ; montrez-vous !” Parce que toute personne qui, cherchant dans sa propre interiorite, extrait ce qui y etait cache mysterieusement est une ombre qui eclipse toute forme de societe pouvant exister sous le soleil ! Toutes les societes tremblent quand l’aristocratie meprisante des clochards, les inaccessibles, les uniques, les maitres de l’ideal et les conquerants du neant avance resolument. Avancez donc iconoclastes ! En avant ! “Deja le ciel menaçant devient noir et silencieux !” » Renzo novatore, arcola janvier 1920.

DOSSIER I \\ L’horizon indépassable de 1789


La Révolution crée un nouvel imaginaire qui inverse la source du pouvoir. Avant elle était transcendante et découlait de Dieu. Désormais elle émane du peuple.

Les principes déterminés par la nouvelle classe au pouvoir issue de la révolution et qui avaient été rendus possible par la victoire du peuple, sont évidemment favorables à la bourgeoisie et marque sa victoire sur la monarchie absolue, mais également sur les aspirations populaires qui sont une menace pour ses intérêts. Ces principes sont : séparation du pouvoir politique de l’état de la société civile, égalité (de principe) devant la loi (de principe et non de fait, démocratie représentative et parlementaire, protection de la propriété privée (quelle qu’en soit le niveau). Ce « nouveau bloc imaginaire » définit, délimite et régit désormais l’univers mental des représentations, symbole, idéologie politique, incluant toute idée ne remettant pas en cause les fondements de son pouvoir et excluant, marginalisant de fait les idées qui la débordent et ou dépassent.

Cette coercition sociale retombe aussi sur les individus qui pour quelque raison que se soit, défendent des idées devenues hors normes. Cette marginalisation est plus ou moins violente suivant le niveau d’antagonisme de classe et le conformisme à l’horizon acceptable de la démocratie. En effet dans notre société d’ hyper consommation, où la norme et le conformisme sont exacerbés, et malgré la légalité imposée par l’histoire de l’expression du peuple et de ses volontés à travers la grève, on constate une répression ouverte , juridique, sécuritaire, sociale de toute personne remettant le système en cause de façon radicale, c’est à dire dans ses fondements même (qui établissent politiquement la domination du modèle économique capitaliste). Ainsi peut-on constater par exemple comment une simple dégradation de matériel, dans l’affaire des inculpés de Tarnac, conduit à une accusation de terrorisme, anathème indéfendable au vu de l’histoire récente, faisant risquer au présumé innocent une vingtaine d’années renouvelable « si danger pour la société », bien sûr incarné et personnifié par Sarkozy le petit. Remettant à l’ordre du jour du même coup des équivalents, de la lettre de cachet d’ancien régime (pour le temps d’emprisonnement illimité) et les lois d’exceptions dite scélérates qui emprisonnaient toute personne convaincue d’anarchisme, condamnant non pas l’infraction à la loi mais les idées.

La révolution révèle deux types de liberté, l’une des anciens, qui plonge son origine dans la démocratie antique des grecques, l’autre des modernes, dont Benjamin Constant, modèle des libéraux parle. Pourtant aujourd’hui dans l’esprit des gens existe une confusion entre ces deux types de liberté la première positive, la deuxième négative.

La démocratie des grecs fait découler le pouvoir politique pour la première fois non plus des dieux mais du peuple, le démos. La liberté naît de la participation collective au sein de l’agora des citoyens, ils sont acteurs de ce pouvoir et non pas sujets. Ceci est volonté positive ou pouvoir de faire collectivement potentia (la puissance). L’autre liberté celle des modernes découle du pouvoir de l’état, séparé de la société civile. Ce pouvoir, ou potestas , est le légitimitée de contraindre et d’imposer l’ordre dans ce cas capitaliste. Cette liberté de par son aspect entendu historiquement, est sur la défensive, car ce sont des droits déjà acquis, qu’il faut défendre. En effet, dans ce « système » on ne lutte pas pour obtenir ou imposer de nouveaux droits, mais pour conserver ceux déjà acquis. L’état par son existence en dehors ou au-dessus de la société civile finit par se dissocier de la volonté des citoyens, voire s’en défendre, en allant alors contre la liberté de ceux-ci. L’état est donc le pouvoir, la nation, il n’est plus le peuple, il n’est plus le pouvoir émanant du peuple, il n’est plus une démocratie. Ce pouvoir est une dictature molle à apparence démocratique, jouant sur la confusion historique dans l’esprit des gens issue de la révolution, jouant aussi sur l’amnésie généralisée, ce système reprend l’image caricaturale d’une démocratie telle que le peuple la connait, telle qui l’a comprise et lui renvoie cette image. D’autres régimes dictatoriaux par exemple moins subtiles l’ont compris, c’est ainsi que l’on peut voir par exemple un Poutine, brandir le vote du peuple pour élire ses maîtres, ou le respect de la propriété privée et ainsi dire « nous sommes une démocratie ». Mais la démocratie qui fonde la liberté des individus dans la société, ne peut pas être résumée au suffrage universel ou au droit de commercer « librement » entre possédants.

La révolution dans les principes quelle développe, est héritière aux yeux de la bourgeoisie de la pensée de hobbes, locke, montesquieu, rousseau. La démocratie libérale bourgeoise rend inséparable l’existence de celle-ci de l’état de droit et de la représentation du pouvoir. Souvent l’argument pour justifier cette dissociation, qui n’était pas présente à l’origine dans l’idée de démocratie entre l’état et le peuple est expliqué par le fait que le peuple n’a pas le temps, ni l’envie, ni la capacité de gouverner, le rôle revient bien sûr à une élite éclairée. Certes le peuple enchainé à la nécessité du quotidien n’a pas le temps de se consacrer à la cité, harassé il n’en a pas non plus l’envie, l’état par sa vue d’ensemble, de son nuage, verrait mieux que les individus ce qu’il leur faut. Baliverne, certes le citoyen a besoin de temps pour remplir son rôle, de connaissances auxquelles il doit avoir accès sans limitation, car connaître et comprendre la réalité est le seul moyen de la changer, mais dire qu’il n’est pas bien placé pour savoir ce qu’il veut pour sa vie est un mensonge qui cache une autre réalité, il n’a plus le pouvoir de décider. Malheureusement, les seuls moments de l’histoire où le peuple l’a eu c’est quand il était en arme et qu’il imposait sa volonté par la menace ou la force. C’est pourquoi un des inspirateurs de la démocratie moderne john Locke a pu dire que si les législateurs « tentent de saisir et de détruire les biens du peuple, ou de le réduire à l’esclavage d’un pouvoir arbitraire, ils entrent en guerre contre lui ; dès lors il est dispensé d’obéir » (dans le même esprit, voir l’article 35 de la constitution de 1793).

L’idée-force de la souveraineté du peuple, qui venait de l’antiquité et de la démocratie directe, cette idée que le pouvoir politique émane de la société (la polis), des citoyens quel qu’ils soient et qu’il est exercé par eux. Ceci représentait une menace aussi bien pour la monarchie que pour la convention nationale pouvoir bourgeois issue de la révolution.

En dépossédant le citoyen du pouvoir politique qu’il délègue, le parlement met un terme à l’idéal d’un « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple », car « A l’instant que le peuple se donne des représentants, il n’est plus libre, il n’est plus» (Rousseau).

Au moment où la Révolution temporairement se clôt par le coup d’état de Napoléon, la bourgeoisie l’emporte en fixant définitivement et historiquement les limites de la démocratie à son profit rejetant tout autre forme de démocratie y compris celle(s) qui refléterait plus fidèlement les aspirations du peuple, qui subjectivement commence à ce vivre comme lui étant antagoniste.

Certains comme fukuyama, ont pu prôner la fin de l’histoire. Mais cette constatation ne reflète qu’une supercherie au vu de cette même histoire, ça serait la fin des grands récits, le peuple ne pourrait plus imprimer sa volonté au cours des évènements, alors même que cette « fin d’histoire », ces événements qui seraient l’acte ultime et dernier de libération, est la résultante de cette volonté.

Après 1945 et le désarmement du peuple en arme dans les rangs des FFI par De gaule, après 1968 la dernière « poussée » révolutionnaire, ce discours pousse dans les consciences cette idée de fin d’histoire. La population comprenant qu’elle ne peut plus être l’instigatrice d’un pouvoir institué par elle même, tombe dans un repli apolitique et acritique les retranchant « à la sphère sans relief de leurs affaires, de leur maison, de leur travail, de leur télévision, de leur loisirs ». Les citoyens retranché à leur sphère privée « occupés qu’ils le sont dans l’idiotie sans poids de leur affaires personnelles », se sentent de plus en plus isolés, désarmés dans un tissu social désormais trop distendu pour produire une réaction de classe du peuple.

Rousseau parlait de « volonté générale », terme vague qui laisse penser à certain que c’est celle du peuple, pour ceux qui sont au pouvoir c’est ce qui est bien pour le peuple, confondant souvent leurs intérêts, ceux du peuple, dans une entité encore moins nette, l’intérêt de la nation. De ce fait déportant l’intérêt du peuple à la nation c’est à dire l’état. Dans une démocratie la société nait du pouvoir du peuple, elle n’est pas insufflée par le haut, par l’état. Cette dépossession du pouvoir instituant du peuple, potestas est une expropriation opérée par ces nouveaux maîtres et par la perte du sens de l’histoire du peuple.

Louis Blanc dans son histoire de la révolution (1847) dit que si la bourgeoisie a vraiment gagné avec la révolution, elle n’avait pour le peuple qu’une valeur symbolique. Plus tard la révolution de 1830 organisée par la bourgeoisie libérale et préparée au péril jacobin, a réussi à démobiliser le peuple avant qu’il s’aperçoive qu’il avait été trompé. Malheureusement même quand le peuple en arme est maître du pouvoir il finit par se le faire perdre car « rééduquer le peuple dans l’amour de la liberté est plus difficile que de conquérir la liberté » (Babeuf ).

Aujourd’hui élevé dans un bain de peur permanent, on essaie d’associer dans les consciences l’idée de révolution à la terreur jacobine et montagnarde. Confusion entre dictature du peuple, venant d’en bas et la dictature de type bonapartiste et jacobine venant d’en haut. Robespierre considéré comme un des révolutionnaires les plus radicaux substitue l’action du peuple à une action au nom du peuple. Cet intérêt général qui se confondra plus tard avec la raison d’état. Certes la révolution fut violente, elle le fut bien moins que les tortures et persécutions qu’a subies le peuple durant l’ancien régime. Tout mettre dans le même sac c’est aussi ridicule que de comparer la violence d’une vitrine de banque brisée aux violences des matraques, des gaz, ou bien des violences sociales et économiques, que la société endure, ou alors parler de violence pour une pierre jetée sur un crs surarmé et parler de pacification contre les terroristes islamistes, lorsque l’on bombarde les populations civiles en apportant dit-on la démocratie et la liberté au bout du fusil d’une armée d’invasion. D’ailleurs pour illustrer cette falsification historique il est intéressant de laisser parler un éminent homme politique et défenseur de la liberté, un politicien de cette gauche « sérieuse » dite de gouvernement, Michel Rocard. Il dit dans faite au bicentenaire de la Révolution que l’intérêt de 1789 c’est « d’avoir convaincu beaucoup de gens que la révolution, c’est dangereux et que, si on peut en faire l’économie, ce n’est pas plus mal ».

La population est endormie par le régime dans une jolie histoire fondatrice qui fait de nos conquêtes des chimères, nous interdisant tout renouvellement de cet acte fondateur qui fut cependant si « constructif » pour les français. Elasse nous avons oublié que «Empêcher la transcroissance de la révolution bourgeoise en révolution prolétarienne, faire les choses à demi, c’est s’exposer à perdre ce qui a été conquis ; laisser subsister un seul privilège, c’est s’exposer à les voir renaître tous ».

Walter benjamin dit « quiconque domine est toujours l’héritier des vainqueur », on peu dire aussi que les dominés sont les héritiers des vaincus de l’histoire. Mais chaque bataille qui n’a pas consacré la victoire du peuple, mais qui l’en a rapproché oblige les puissants à reconnaître ces libertés, au risque de voir ce peuple déterrer la hache de guerre, du moins tant que ce peuple garde la mémoire des luttes donc des libertés gagnées dans le passé.

On ne peut nier qu’il existe un cycle des révoltes, comme le disait Marx lorsqu’il comparait la lutte des classes à l’histoire de l’humanité, ce mouvement permanent, révolution, réaction, trahison, répression, est en flux et reflux, il suffit pour ça de ne regarder que l’histoire française. Mais à chaque poussée révolutionnaire La société ne revient jamais totalement sur son point de départ. La révolution un jour recommence et dépasse le stade auquel elle s’était arrêtée, à condition pour cela qu’on s’en souvienne.

vendredi 8 janvier 2010

DOSSIER I \\ Contexte Historique

La preuve par l’histoire


Au début, la révolte a toujours – du moins dans la mythologie des autorités locales – les deux mêmes caractéristiques : il s’agit seulement d’une « toute petite minorité » de fauteurs de troubles, et « ils n’ont aucun grief légitime ». [Ils commencent] par se choisir un sujet de revendication, […] qui doit d’une manière ou d’une autre pouvoir être relié à un Sujet Sacré. Aux Etats-Unis, les Sujets Sacrés sont le premier amendement, la race, et la guerre du Vietnam – en France, la Révolution* est, en elle-même, un Sujet Sacré. […] La revendication doit donc être présentée de manière à aller chercher le plus possible de conflit ; les sit-in ne sont pas rares à ce stade.
Seconde étape, la problématique initiale est modifiée afin que la structure même de l’autorité au sein de l’université en devienne la cible. […] Ainsi, si la revendication originelle se rapportait à la guerre du Vietnam, le fait que l’université ait puni un étudiant pour avoir violé le règlement en exprimant cette revendication est la preuve même de ce que l’université travaille en réalité pour le guerre et qu’elle est là pour « écraser la dissidence ». […] Certains nouveaux éléments, fondamentaux, entrent alors en lice, [dont] la télévision. Si vous êtes en train de manifester à midi et que vous pouvez, de retour chez vous, vous regarder aux informations de 18 heures, alors votre comportement de midi est arraché au royaume de l’espièglerie juvénile et entre authentiquement dans l’histoire. […] Au terme de l’étape 2, il y a une manifestation à grande échelle. […] quand le sit-in s’organise, les autorités universitaires sont très fortement enclines – et c’est ce qu’elles font d’ordinaires – à appeler la police […]. Nous arrivons [alors] à l’étape 3.
Les revendications initiales de l’étape 1 ne sont plus désormais qu’une partie insignifiante de toute une série de revendications merveilleusement intensifiées. Une liste typique de revendications de l’étape 3 pourrait énumérer les points suivants :
- Le président de l’université doit être limogé (et de fait il l’est, en général) ;
- L’administration doit être supprimée, ou en tout cas limitée au nettoyage des allées […] ;
- L’université doit mettre fin à toute coopération avec le ministère de la Défense et autre organes officiels étrangers à la communauté universitaire ;
- Le capitalisme doit cesser – tout de suite ;
- La société doit être réorganisée.
[…] Nous avons donc parcouru tout le chemin qui va des jours heureux de l’étape 1 […] à l’extase révolutionnaire pleinement épanouie de l’étape 3 ; la fac est fermée, le président est à la recherche d’un autre boulot et une poignée de leaders étudiants à l’allure plutôt débraillée et passablement improbables détient l’autorité effective. […]

John Searle.
Scénario infaillible des révoltes étudiantes. New York Times, 29 décembre 1968.

DOSSIER I \\ Articles de la nouvelle Constitution

  1. Aucune tierce personne ne peut s’imposer avec coercition dans une palabre engagée par au moins deux hommes libres.
  2. Nul homme ne peut s’approprier et capitaliser la richesse commune que sont les moyens de production, l’air, la terre et l’eau.
  3. Les règles d’organisation de la société sont l’autogestion. La prise de décision se fait sous forme de démocratie directe.
  4. Tout mandaté est révocable en tout instant par une assemblée souveraine.
  5. Le choix de l’échelle de prise de décision se fera sous le régime de subsidiarité.
  6. La police et l’armée sont dissoutes sur-le-champ. Le peuple en arme mandaté par lui-même et chaque parcelle est le seul rempart contre la tyrannie.
  7. L’homme ne pourra produire et détruire en même temps. Il devra se montrer rigoureux quant à la protection de son milieu de vie.
  8. Il n’existe aucune partie ni aucun état en toute chose. L’association libre est la règle.
  9. La terre étant à tous, nul ne peut poser de barrières, de frontières. Il n’y a de droit que sur le logement qu’on habite et la terre que l’on travaille.
  10. La propriété privée étant abolie, seul subsiste le droit sur ce que l’on a gagné par son travail ou reçu par la communauté.
  11. Le salariat est aboli.
  12. Le téléchargement et les drogues sont autorisés.
  13. L’éducation et la culture seront un droit pour tous. Libre, laïque et gratuite.
  14. L’Université sera le lieu de transmission des connaissances et d’élargissement. Elle pourra être consultée dans le cas où une prise de décision nécessite des connaissances particulières.
  15. Les outils permettant la production seront publics et mis à la disposition de tous.
  16. Les transports collectifs seront publics et gratuits pour tous sans limitation.
  17. Les administrations de l’État dissout sont dissoutes.
  18. Chaque homme a le droit de choisir sa propre mort.
  19. Tout homme a le droit d’être parent et de transmettre le savoir de sa vie.
  20. Les animaux sont des êtres vivants, ils ne peuvent être persécutés et l’on doit leur imposer un minimum de souffrances même lorsqu’on les abat pour notre consommation.
  21. Il n’existe aucun ordre, aucune souveraineté, en dehors de celle du peuple. Cette souveraineté peut s’exercer que dans le cadre d’une assemblée populaire. Ce pouvoir ne peut être délégué que dans le cadre d’un mandat impératif, révocable et limité dans le temps. Aucun état, homme, institution ne peut s’y substituer.

DOSSIER I \\ Edito


Peut-on encore refaire le monde ? C’est avec cette fabuleuse question en tête que nous avons décidé de nous rassembler, nous, étudiants, dont notre avenir nous appartient; avenir qui reste incertain.

Certains d’entre nous ne semblent pas s’en préoccuper la moindre du monde. Ils veulent juste leur diplome. Etat d’insoucience la plus complète, ou égoïsme sans limite? Quoi qu’il en soit, nous avons essayé, dans des conditions parfois très défavorables, de constituer ce dossier.


La meute chien-loup en assemblé très extraordinaire se rassemble en ce jour pour proclamer sa constitution utopistique. 25 décembre 2008 3h00 amphieA sorbonne nouvelle

Toutes les constitutions advenues jusqu’à lors l’ont été par des hommes non légitimes. Nous nous réunissons aujourd’hui dans cette assemblée en tant qu’homme et nous prenons le droit comme il a été fait précédemment de nous doter de règles communes ou pour choisir notre avenir. Cette logique sera la règle de la Constitution et de toutes celles à venir. Toute loi peut-être faute ou défaite par tout homme ; dans le cadre d’une démocratie directe.

Nous refusons toutes les lois votées précédemment, et considérons comme seul légitime le souhait exprimé par ceux qui auront la tache de construire notre futur.

Cette Constitution est une première pierre qui bâtira la nouvelle structure de la nouvelle société. A charge en chacun de vous de l’enrichir en vous organisant en assemblées populaires auto instituées et instituant et jurant de se réunir pour doter notre peuple d’un nouveau régime : tous égaux et libre de fait et non simplement de droit.

Et nous jurons de n’en sortir que par la force des matraques.

« Avec l’espoir de contribuer à élargir la fissure, la brèche, ouverte par le mouvement ouvrier révolutionnaire au cœur de la démocratie libérale bourgeoise. Tache démesurée pour un homme seul, mais les révolutionnaires ont des compagnons, et les compagnons forment les mouvements qui, parfois, inversent le sens de l’Histoire » - Eduardo Colombo.

Un dossier signé
Capitaine Sentencia