DANGER DE CONNEXION TOTALE
7h00, l’alarme se met à sonner, c’est l’heure de se lever. Un pied dans chaque pantoufle et hop ! Debout. Appuyer sur un bouton et une machine me prépare un bon café. Je regarde sur le pallier et suis satisfait d’y trouver le journal. J’apprends tant de choses sur la situation mondiale que j’en suis presque étourdi. J’allais m’interroger sur certaines de ces choses quand mon portable retenti. C’est le réveil de secours au cas où le premier oublie de sonner. Alors j’allume mon ordinateur et me connecte sur YouTube tout en m’habillant avec soin. Il y a tant de clips, de sites auxquels j’accède en quelques clicks, que je suis absorbé par mes découvertes et commence à être dangereusement en retard. 8h40, je détale jusqu’à la rame de métro, n’omettant pas d’attraper un Direct Matin au vol. Confortablement assis sur un des strapontins je m’arrête à la page des horoscopes. J’étudie les prédictions qui me concernent : Vie sociale : un grand travail vous attend aujourd’hui, mais votre esprit de cohésion et votre capacité à prendre des décisions vous permettront de venir à bout des difficultés. Cœur : votre conjoint(e) va vous surprendre en vous rappelant quelques vieux souvenirs. Troublé par ces étranges destinées arbitraires qui nous mènent vers l’inconnu j’en viens à rêvasser sur mon sort et peut être celui du monde entier…
Mais le métro freine brusquement à la station que je dois emprunter pour retrouver le chemin de mon travail. 9h10, j’entre dans les bâtiments resplendissants de l’entreprise, saluant des foules sur mon passage, grimpant les étages du building en ascenseur, aux cotés d’une séduisante secrétaire, prolongeant la mèche de mes cheveux à l’aide de ma main libre, l’autre main tenant la poignée de ma mallette. Jusqu'à 1h00 je travaille intensément à la formation d’une courbe de croissance sur mon PC. Les pourcentages que je calcule sont effarants. J’en témoigne à mes collègues lors de la pause déjeuner. Ceux-ci complètent mes informations d’autres informations toutes aussi effarantes qu’ils collectèrent durant leur matinée de recherche. C’est fou ce que nous accomplissons ensemble, ce super travail nous réjouie au plus haut point, nous retournons à l’étude avec entrain. L’après-midi se passe sans heurt et, sur nos travaux, le jour décroît. Bientôt, une brève coupure d’électricité nous invite à quitter nos postes. Il est 6h00, le cerveau enrubanné d’une centaine de résultats, je m’éloigne de la centrale de recherche, guidé magiquement par la ville lumière. Ma flânerie butte sur la devanture d’un Mac Donald où un R’NB furieux résonne, faisant se trémousser indistinctement ma moelle épinière. Je commande sans tarder Big Mac, petit Wrap, frittes et Ice Tea, et me dirige vers une des tables près de la fenêtre. La vision des milliers d’hommes et de femmes qui transitent vers je ne sais où, comme moi, me remplie d’une sensation de sécurité incommensurable. Mais je ne reste pas longtemps, on ne peut rester longtemps à Mac Donald. De retour à la maison, je m’installe devant la télévision. Sur FR3, ils passent Cyrano de Bergerac. Quel film !
Deux épilogues au choix :
1) Quelques années plus tard Monsieur X atteint l’âge de la retraite et quitta son entreprise pour faire un voyage dont il ne revint plus jamais.
2) Quelques années plus tard Monsieur X se tira une charge de plomb dans la gueule après s’être ouvert les veines au rasoir et fumé une pipe de crack.
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