« Ne pas être soi, c’est être autre. En latin alienus. Ne pas être soi, pour être perpétuellement autre, c’est être aliéné. L’idéologie qui sous-tend la consommation est une forme d’aliénation ».
Les conditions qui nous ont amenés vers la société de consommation, sont issues d’une façon de percevoir la fonction de la science économique comme un moyen de comprendre les échanges et la production, pour l’optimiser et combler les manques, satisfaire les besoins, aujourd’hui un produit à vendre est aussi une pulsion à satisfaire.
Que ce qui est produit soit une marchandise à vendre ou un bien à redistribuer importe peu, ce sont deux versants qui reflètent une nécessité s’inscrivant dans les mentalités au cours des siècles, des pénuries, guerres, famines... L’économie productiviste communiste ou capitaliste, sont des économies de pénurie. Au 19e siècle (en passant sur les raisons et causes culturelles, religieuses), des progrès techniques dans la production, un afflux de matières premières, une concentration des moyens de production et des richesses ont caractérisé le début de ce que nous appelons l’ère industrielle. Avec les fondements de l’économie capitaliste, ce « progrès » de production, couplé à une économie productiviste répondant à la vieille logique de croissance pour combler une pénurie, mais aussi une volonté de possession et domination exercée par une classe exploitante et dirigeante, nous fera passer après un long processus d’une société industrielle à une société postindustrielle, dite société de consommation (ou surconsommation).
Dans le productivisme, les 30 glorieuses, ou l’illusion du paradis perdu sont un but que l’on n’atteint jamais.
Imposant la logique de son système le capitalisme à travers le consumérisme véhicule une idéologie totalitaire.
Ce processus d’aliénation rendant impossible la révolte, ôte la volonté des gens, leur libre arbitre.
Après les destructions de la guerre, qui ont entrainé aussi un boum de la production de « guerre », va apparaitre la société de consommation, continuant la surproduction dans un but de conquête économique, mobilisant avec une propagande qui se fait séduction, manipulation, consciente et inconsciente, dans les vues d’écouler les marchandises et d’amasser le plus de profits.
Cette même économie opère une colonisation qui au même titre que les colonisateurs qui jadis apportaient la civilisation cachée sous de bons sentiments, mais une colonisation de l’esprit. Amenant l’humanité inéluctablement à son autodestruction, son auto consommation, la rendant cropophage, aliénée dans une jouissance du perpétuel présent, couvée dans un processus infantilisant, dans l’idiocratie médiatico-capitaliste.
Le rêve américain, le paradis perdu, la croissance pleine et le plein emploi des trente glorieuses sont comme une carotte pour adoucir les coups de bâton sur notre vieille carcasse de bête de somme.
Paupérisé, précarisé dans le trop-plein et le trop vide, nos consciences occupées, colonisées perdent le sens de la vie, le capitalisme consumériste produisant une révolution négative inverse les échelles de valeurs. Un commentaire de beigbeder pseudojournaliste sur la pub illustre bien cet état d’esprit ; « la publicité vous apprend à glisser sur la vague, sans voir qu’elle se déplace sur du vide. »
Les vitrines et les pubs remplissent nos yeux et nos consciences. Les distributeurs de billets et les credits a la consommation tournent a plein. « Travailler plus pour gagner plus », on multiplie les desirs a l’infini, desirant ce qu’on a pas et se desinteressant, insatisfait de ce que l’on a. Insatisfait de quoi, la societe de consommation, le capitalisme, la croissance, l’emploi, promettent de remplir nos desirs, nous rendre heureux, nous faire jouir de la vie, « on cree un consommateur pour le produit et non plus seulement un produit pour le consommateur »
Pour que le consommateur continu a acheter y compris quand il n’en a pas besoin ou les moyens, on suscite l’envie en permanence. Plus qu’un produit, on vous vend un reve, devenir un tigre en mangeant des cereales, etre la femme de la tele pour qui tout vaut, en mettant de la creme sur le visage, etc. Bien sur on ne peut s’epanouir avec de l’actimel on n’est pas plus libre chausse de nike, mais la pub vous en persuadera. On apporte les mauvaises reponses a des manques qui cachent parfois bien plus, insatisfait frustre par votre achat qui ne vous a pas rendu comme superman, vous deplacez votre frustration vers la premiere sollicitation qu’on vous met sous le nez. Sature de desirs d’insatisfaction, vous finissez par ne plus vous demander ce qu’il vous faut vraiment, tout est fait pour que vous ne vous le demandiez jamais, en consequence drogue dans le desir du desir, « l’envie d’avoir envie », vous reagissez d’une façon pulsionnelle par stimuli. Ce trop plein de vide, tue l’envie, alors on demultiplie les desirs pour alimenter les fausses envies qui bien sur soit ne sont jamais atteintes soit nous laissent frustre.
Ce systeme a son armee, ses chiens de garde qui vivent de lui, c’est le consommateur et toute objection, ou tentative alternative est sabotee, il ne peut y avoir que la logique de big brother, la matrice cree ses propres regles, illusion que l’on met en permanence devant nos yeux pour qu’elle puisse nous consommer. Matiere premiere, producteur, consommateur et produit, l’homme devient un rouage que l’on utilise et que l’on jette s’il ne sert plus ou s’il est « casse ».
C’est veritablement une ideologie totalitaire qui opere constamment cache sous le masque de la seduction, la propagande, la manipulation, la communication, le marketing, et maintenant le psychomarketing, nous oriente activement vers notre raison d’etre, notre fonction, dans le systeme, consommer/produire. Toute remise en cause devient heretique, alors qu’il faudrait remettre en cause cette societe, ces fondements, son organisation, d’une façon urgente et radicale, les opposants sont chasses intellectuellement, socialement, quand ils ne sont pas exclus ou enfermes. Les damnes du capitalisme, croupissent dans les prisons, dans les hopitaux psychiatriques, faisant tourner a plein l’industrie pharmaceutique, nous creant ainsi les problemes et la solution qui va avec. L’epuisement, l’assechement des individus est rebooste.
Comme l’engrais que l’on met pour continuer a recolter une terre surexploitee qui ne sert plus que de support. Une pensee dominante un conformisme et une normalisation poussee a l’exces, laissent planer une « horreur binaire ambiante ». Dans un mimetisme social et un reglage au pas des masses, une coercition permanente s’exerce sur les moutons noirs, l’esprit du temps se fait pensee dominante et bientot terrorisme psychologique. Nous sommes bien dans une societe vehiculant une ideologie totalitaire, la consommation en gros, avec ses mythes et ses symboles, et une violence symbolique et reelle faite aux recalcitrants.
Annihile l’homme n’utilise plus qu’une partie de son potentiel. Le bonheur qui est bien different et superieur que le plaisir, necessite que l’on soit. Mais vivant en permanence dans le « ça », nous devenons incapable de construire notre moi et sur-moi. En resulte une violence de la societe, dans laquelle vivent des gens qui ne savent plus etre humains.
Ce processus d’alienation rend impossible la revolte. Abeti par le matraquage publicitaire, le flux permanent occupe les espaces vides des jeunes consciences, jusqu’aux interstices. Omnipresente cette illusion collective, finit par tout dire, repondre a tout avant qu’on se pose la moindre question. Cette illusion devient la realite la seule que nous connaissons, dans laquelle nous sommes assimiles, big brother is watching you !
Cette civilisation, antihumaniste, pas du tout civilisee, cree une culture, une contreculture qui prone l’individualisme, un oubli dans le troupeau. La sensiblerie, l’etalage de porno, les bons sentiments, une pensee dominante simpliste sur l’ego et debilitante, ne satisfait ni besoin d’amour ni de spiritualite ni de sens. Le gnangnan, le simple, le « concret » deviennent l’exemple a suivre, la novlangue s’impose et on etouffe les cris de resistance, dormez bien braves gens, on s’occupe de tout. Reclu dans un cloaque, enferme dans notre esprit, le systeme qui dote le specimen d’un logiciel matriciel des l’enfance, lui promet la securite, pour lui faire accepter le collier, l’enclos. Ne sachant pas etre libre, ne sachant que faire de cette liberte et de cette inconnue, du monde de la vie qui nous tend les bras nous croupissons dans notre trou dans un deni morbide de ce que nous sommes.
Mais l’etat capitaliste, comme toute forme d’etat de systeme totalitaire prend « ses abstractions pour des realites ». Les puissants consumes dans leur nevrose de domination, ne voient leur propre perte, et dans sa tentative de perpetuation, de survie le systeme produit des erreurs, cafouille, exclut les individus qu’il ne cerne pas bien. Dans l’implantation des logiciels sociaux se produisent des erreurs, certains decrochent et finissent par voir les coulisses du decor, la realite derriere, l’illusion et partent pour croatane, sion existe ! Et tant qu’il existera un petit groupe pour y croire, ils seront comme un virus pour la matrice qu’est la societe de consommation, engendree par ce neofascisme, qu’est la mondialisation capitaliste.
Detruire cette societe, empecher de nuire ce fleau necessite que l’on s’attaque a ses illusions a ses symboles tant immateriel que materiel. Seules des attaques portees de l’exterieur en son sein, sur ces structures de controle que sont les images, la pub, la marketisation de la vie, la marchandisation des esprits, permettront de s’en liberer. Une revolution, une contreculture sont necessaires, des zones liberees doivent emerger un peu partout, verolant le systeme, dans une « psychologie de la liberation », ici et maintenant, car c’est en se redressant et non pas dans l’attente du bon berger, que l’on devient un homme.
« Ici, avec une miche de pain sous la branche, une bouteille de vin, un livre de poesie - et toi a mes cotes, chantant dans la nature, - et la nature qui est maintenant un paradis.
Ah ! Mon aimee, remplis ma coupe qui libere l’aujourd’hui des douleurs passees et des craintes futures - demain? Oui, demain je pourrais etre moi-meme avec les sept-mille ans d’hier.
Ah ! Mon amour, puissions-nous conspirer toi et moi avec le magicien pour capturer tout cet ordre triste des choses, sans pourtant le detruire - et le refaire alors selon le desir du coeur ! » (Omar fitzgerald).
Les objets, la télévision, les portables, les voitures par exemple, deviennent nos yeux, nos oreilles et notre voix, nos jambes. Elles sont des illusions qui nous bercent, elles doivent être renversées, sous peine de quoi, nous mourrons d’abord d’esprit, puis de corps, en passant à côté de l’essentiel, vivre, rêver, et ne pas laisser un être factice, un reflet nous conduire par la main vers l’oubli, le néant et la fin de notre non-existence.
Cette mise en esclavage de l’humanite a dure, mais ne peut plus durer, arrivee a saturation notre planete est arrivee au bout de ses ressources ; pillee, la terre risque d’une façon globale d’etre entrainee dans le tourbillon de nos delires, reve fou de quelques-uns, qui pour continuer a jouir asservissent et detruisent le monde et l’humanite.
« L’histoire, le materialisme, le monisme, le positivisme, et tous les mots en “ismes” de ce monde sont des outils vieux et rouilles dont je n’ai plus besoin et auxquels je ne prete plus attention. Mon principe c’est la vie, ma fin c’est la mort. Je veux vivre ma vie intensement pour embrasser ma vie tragiquement. Vous attendez la revolution ? La mienne a commence il y a longtemps ! Quand vous serez prets (mon dieu, quelle attente sans fin !), Je ferai volontiers un bout de chemin avec vous. Mais quand vous vous arreterez, je continuerai ma voie folle et triomphale vers la grande et sublime conquete du neant ! Toute societe que vous batirez aura ses limites. Et en dehors des limites de toute societe, les clochards heroïques et turbulents erreront, avec leurs pensees vierges et sauvages - eux qui ne peuvent vivre sans concevoir de toujours nouveaux et terribles eclatements de rebellion ! Je serai parmi eux ! Et apres moi, comme avant moi, il y aura ceux qui disent a leurs freres : “tournez-vous vers vous-memes plutot que vers vos dieux ou vos idoles. Decouvrez ce qui se cache en vous-memes ; ramenez-le a la lumiere ; montrez-vous !” Parce que toute personne qui, cherchant dans sa propre interiorite, extrait ce qui y etait cache mysterieusement est une ombre qui eclipse toute forme de societe pouvant exister sous le soleil ! Toutes les societes tremblent quand l’aristocratie meprisante des clochards, les inaccessibles, les uniques, les maitres de l’ideal et les conquerants du neant avance resolument. Avancez donc iconoclastes ! En avant ! “Deja le ciel menaçant devient noir et silencieux !” » Renzo novatore, arcola janvier 1920.
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